Et si les deux prix Nobel d'économie avaient déjà compris la crise ?

Le prix Nobel d'économie a été attribué lundi aux Américains Thomas Sargent et Christopher Sims « pour leur recherche empirique sur la causalité en macroéconomie ».
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Thomas Sargent et Christopher Sims, tous deux âgés de 68 ans, docteurs en économie de Harvard, et de tendance libérale, viennent d'obtenir le prix Nobel d'économie. Ces deux chercheurs ont été récompensés pour leurs travaux sur la complexité des influences qui peuvent faire qu'une politique budgétaire, fiscale, monétaire, ou pour l'emploi, produit de bons ou de mauvais résultats sur la croissance, le chômage et l'inflation. Avec un postulat selon eux jamais démenti : les objectifs les plus sûrs restent la stabilité des prix et la viabilité des finances publiques. Ainsi, au regard de l'actualité, les travaux de Christopher Sims lui ont permis par exemple de conclure, dès la création de l'euro, que le projet présentait de graves lacunes. « L'union monétaire européenne semble être une tentative pour créer une banque centrale et une devise qui n'ont pas d'autorité budgétaire correspondante derrière elles », écrivait-il en 1999. Il espérait alors que l'Europe corrigerait ce péché originel. Ce pur produit des universités de la côte Est des États-Unis (il a enseigné à Harvard, à Yale, et depuis 1999 à Princeton) a conçu un modèle statistique pour mesurer les effets de la politique monétaire sur l'économie qui a eu les faveurs de nombreuses banques centrales. Il a caractérisé lundi son apport comme « une manière de démêler la relation entre taux d'intérêt et inflation, de façon à voir quels sont les effets des changements du taux d'intérêt directeur sur le niveau des prix et l'inflation, et à séparer cela de la causalité inverse qui fait réagir les banques centrales à l'inflation en changeant leurs taux ». Thomas Sargent, lui, est un auteur de référence dans les modèles macroéconomiques. Il a perfectionné ceux-ci, variable après variable, dans de nombreux articles publiés dans les années 1970 et 1980. Son grand apport est l'examen de l'importance des attentes des agents économiques. Ce Californien, professeur à New York University, est aujourd'hui l'un des plus éminents représentants de l'école néoclassique en économie, qui part du postulat de la rationalité des agents économiques et est généralement défavorable à une intervention poussée de l'État.

(R. Ju. avec agences)

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