Le haut rendement obligataire en petite forme

L'aversion au risque pénalise cette classe d'actifs.
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Les tensions restent persistantes sur le marché des obligations spéculatives. Après avoir enregistré une très bonne première partie d'année, ce compartiment du crédit aux entreprises regroupant les sociétés de notation inférieure ou égale à « BB » a connu un été difficile. Très dynamiques avec plus de 40 milliards d'euros d'émissions depuis janvier, les émissions n'ont toujours pas redémarré après la pause estivale, tandis que les spreads se sont littéralement envolés. « Depuis deux mois, le marché des obligations à haut rendement a été secoué à cause de la crainte d'une récession et d'une certaine panique devant le gonflement incontrôlé des dettes d'État. Le marché européen a été plus touché encore à cause de la crise bancaire, du manque de gouvernance et du fait que le marché est plus petit, donc plus sensible », résume Éric Pictet, directeur du bureau de Paris de Muzinich.

Outre la crise européenne, le compartiment a également pâti de sa moindre liquidité par rapport à son grand frère américain, dont l'encours totalise plus de 1.000 milliards de dollars. En pleine expansion, le marché européen a vu son encours décuplé depuis la création de la zone euro, mais il ne pèse encore que 130 milliards d'euros. Conséquence, le marché a été particulièrement sensible aux pressions spéculatives. L'indice Markit iTraxx Europe, qui mesure le coût d'une protection contre un défaut de paiement, évoluait ce mardi à 774 points de base, en hausse de 4,5 points, après avoir grimpé jusqu'à 874 points début le 4 octobre, un record depuis la crise du crédit de 2008-2009. L'indice stationnait tout juste à 430 points en début d'année.

Pari à prendre

Ce pic d'aversion pour le risque intervient pourtant dans un contexte bien différent de celui de la crise financière. « Nous ne distinguons pas d'impact direct de la crise de la dette en Europe et aux États-Unis sur les fondamentaux des obligations d'entreprises », souligne ainsi Hans Stoter, directeur de la gestion crédit chez ING IM. « Ces fondamentaux restent solides car les sociétés sont très efficaces en ce qui concerne la gestion de leur bilan via la diminution des coûts et la réduction des charges d'intérêts et/ou de l'endettement », explique-t-il. Alors que le rendement des obligations spéculatives européennes s'établit en moyenne à 12 % selon les indices Merrill Lynch, certains gérants estiment qu'il y a donc un pari à prendre, à condition de bien sélectionner ses valeurs. « Historiquement, une croissance de 1 à 3 % a été suffisante pour que la classe d'actif produise des performances autour du coupon », fait remarquer Éric Pictet.

 

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