Écart de taux à 10 ans record entre la France et l'Allemagne

Il s'est accru fortement depuis un an et a finalement dépassé 100 points de base pour la première fois dans l'histoire de l'euro.
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L'avertissement de l'agence Moody's n'a fait qu'aggraver une détérioration amorcée depuis début octobre, lorsque la crise de la dette souveraine a commencé à entrer dans une phase aiguë. Le « spread » - l'écart dans le jargon financier - entre le rendement de l'emprunt d'État allemand à 10 ans, le « Bund », qui sert depuis la nuit des temps de référence d'abord en Europe puis dans la zone euro lorsqu'elle fut créée en 1999, et leurs homologues français, les « OAT » (Obligations assimilables du Trésor), s'est brutalement creusé.

Alors qu'il restait contenu autour de 10 points de base (un point de base équivaut à 0,01 %) jusqu'au déclenchement de la crise des subprimes à la mi-2007, il a atteint dès vendredi dernier le record absolu depuis la naissance de l'euro de 95 points de base à la veille du week-end dernier.

Peu d'observateurs osaient alors s'en inquiéter ouvertement tant les spreads entre le prestigieux bund, valeur refuge par excellence, et les taux à 10 ans des pays dits « périphériques » avait atteint des proportions sans commune mesure.

Mais le torchon rouge agité dans la nuit de lundi à mardi par l'agence américaine a encore creusé l'écart. Alors que le CDS de la France (le coût de l'assurance contre un défaut sur la dette souveraine à cinq ans) grimpait mardi à 194 points de base, proche du record de 203 pulvérisé le 22 septembre, le spread OAT-Bund bondissait à plus de 113 points de base ! Il faut remonter aux deux crises de 1992 et 1993, qui avaient failli faire exploser le SME, le mécanisme de change communautaire, antichambre de l'Union économique et monétaire, pour trouver semblables écarts. La France, qui avait voté du bout des lèvres le traité de Maastricht en 1992, luttait alors pour éviter une ultime dévaluation du franc face au deutsche mark au prix de taux à court terme exorbitants.

Bombe à retardement

Il ne fait aucun doute en tout cas que l'agence Moody's a lâché une bombe à retardement qui empêchera l'écart entre le taux des obligations allemandes et françaises de se resserrer tant que les incertitudes sur le triple A de la France ne seront pas levées, certains esprits chagrins faisant remarquer qu'elle ne le mérite plus depuis longtemps.

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