Les "zinzins" européens toujours plus attentifs aux critères ESG

Les investisseurs institutionnels européens ont des visions divergentes de l'investissement responsable mais partagent une attention croissante aux risques ESG (Environnementaux, Sociaux et Gouvernance).
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Novethic vient de publier les résultats de son enquête annuelle «Perceptions et pratiques d'intégration ESG des investisseurs institutionnels européens». 250 investisseurs institutionnels ont été interrogés dans 11 pays sur l'intégration de critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) dans la gestion d'actifs.

Les réponses montrent une appropriation progressive de la notion de risques ESG, même si la définition de ce que doit être l'investissement responsable reste très différente d'un pays à l'autre.L'enquête précise que si, en moyenne, les investisseurs européens interrogés assimilent l'investissement responsable à un triptyque qui allie la sélection d'émetteurs sur des critères ESG, l'attention portée à leurs pratiques de développement durable et les exclusions éthiques, ces dernières prennent une importance très variable d'un pays à l'autre. Elles sont en effet mises en avant par plus de 75% des Allemands, des Hollandais, des Danois ou des Suédois et par moins de 40% des Français et des Britanniques.

L'exclusion d'entreprises ou de secteurs en raison des risques ESG qu'ils représentent est citée par 43% des répondants européens. Cette dimension est très présente dans certains pays comme le Danemark (73%) ou la Finlande (75%), elle l'est beaucoup moins dans d'autres puisqu'en France, par exemple, elle n'est mentionnée que par 28% des répondants.

Mais, bien que les investisseurs européens semblent prendre conscience de certains enjeux, cela ne se traduit pas forcément en actes puisque moins d'un quart d'entre eux déclarent avoir révisé leur politique d'investissement à la suite d'événements comme l'explosion de la plate-forme de BP ou les changements de régime liés au Printemps arabe. Dans le cas de l'explosion de la centrale de Fukushima, seuls 16% des investisseurs interrogés disent avoir revu leur exposition au secteur du nucléaire.

Le risque de réputation : une motivation pas forcément altruiste
L'investissement éthique, qui consiste à exclure certains secteurs pour des raisons morales ou religieuses, est très lié au sentiment que peuvent avoir les répondants d'un risque de réputation auprès de leurs clients ou bénéficiaires, c'est-à-dire celui d'être mis en cause médiatiquement ou de faire l'objet de campagnes d'ONG sur la nature de leurs investissements. Cette crainte est très répandue en Europe du Nord, beaucoup moins dans le Sud. Il est intéressant de noter malgré tout la progression fulgurante de certains sujets. Les armes controversées (mines antipersonnel ou bombes à sous-munitions) sont mises à l'index par 80% des investisseurs interrogés. Cette thématique était inexistante il y a une dizaine d'années. Les paradis fiscaux et les matières premières semblent moins problématiques mais sont quand même mentionnés par respectivement 42% et 34 % du panel.

Pour éviter d'avoir en portefeuille des titres à risques à la fois pour leur réputation et aussi parce que les entreprises controversées peuvent le payer cher en termes de résultats financiers, il faut souligner la montée en puissance d'une nouvelle pratique : l'exclusion normative. Parmi les 40% du panel qui intègre une analyse ESG pour tous leurs placements en actions, 62% font de l'exclusion normative qui consiste à éliminer les entreprises coupables de violations avérées des grandes conventions internationales.
 

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