Ruralité : à Parlan, on cherche des habitants

Dans le Cantal, un maire a cédé des parcelles pour 5 euros. La population a quasi doublé et la vie a repris. Reportage.
Michel Teyssedou, maire de Parlan, se bat pour qu’il n’y ait pas de « fatalité au déclin » des campagnes.
Michel Teyssedou, maire de Parlan, se bat pour qu’il n’y ait pas de « fatalité au déclin » des campagnes. (Crédits : © Louis Bressange pour La Tribune Dimanche)

Situé au cœur de la Châtaigneraie cantalienne, à l'écart de la route nationale qui relie Aurillac à Figeac, le village de Parlan connaît une étonnante transformation. En seulement quinze ans, la population a augmenté de manière significative, passant de 280 à 490 habitants.

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La clé de cette réussite réside dans la vision du maire, Michel Teyssedou, déterminé à écrire une nouvelle page de la vie de la commune : « Nous avons décidé, en 2010, de vendre des terrains à un prix symbolique de 5 euros les 1 000 mètres carrés pour attirer de nouveaux résidents. Plus exactement 5 euros non recouvrables. Autant dire que ces parcelles, déjà viabilisées, sont données. Ça a été le déclic pour dynamiser Parlan. » Cette offre est réservée aux primo-accédants, à la seule condition de rester au moins dix ans dans la commune. « La plupart des nouvelles familles sont issues du département. Mais il y a quand même un couple de Seine-et-Marne venu passer des vacances qui a décidé de s'installer ici », confie Michel Teyssedou.

Sébastien, lui, ne regrette pas une seconde d'avoir saisi cette occasion en 2014 : « On est bien, ici. D'ailleurs, mon fils va devenir mon voisin. Il termine la construction de sa maison, acquise en location-accession. C'est possible grâce au prix du terrain. » Trois lotissements ont déjà vu le jour, soit une cinquantaine de maisons.

Un salon de coiffure dans l'ancienne poste

Les effets de cette croissance démographique sont visibles dans le secteur éducatif. L'école a vu son nombre d'élèves passer de 32 à 44, ce qui a permis la création d'un nouveau poste. Aujourd'hui, trois institutrices se partagent les trois cycles du primaire. La municipalité a également décidé de participer à la mise en place d'une future maison d'assistants maternels (MAM), prévue en 2024, afin de soulager les jeunes parents en mal de solutions pour garder leurs enfants. Le maire continue à dérouler sa stratégie pour développer le bourg : « Il faut aussi des commerces de proximité pour que les gens restent. C'est la base de la vie et du lien social. »

Ainsi, Audrey, propriétaire d'un salon de coiffure, arrivée à Parlan il y a dix ans pour bénéficier du prix du terrain, s'est vu proposer par la mairie l'ancienne poste pour ouvrir son salon. « Je viens de l'agrandir et j'emploie désormais deux salariées », indique-t-elle. Cette année, c'est aussi un ostéopathe et une esthéticienne qui viennent de s'installer et la boulangerie qui vient d'être reprise. « Après le départ de l'ancien boulanger au début de cette année, la mairie nous a contactés pour continuer à avoir du pain à Parlan ; on a ouvert le 21 mars », détaille Mme Cluzel, la boulangère. Sans oublier l'épicerie qui va emménager dans un magasin plus grand et la Maison Laborie, charcuterie dans la commune depuis plus de quatre-vingt-dix ans, qui continue de se développer.

Au vu de ces évolutions, la municipalité a dû s'engager à moderniser le traitement des eaux en construisant une nouvelle station d'épuration dotée de filtres à roseaux. De plus, le village a investi dans l'énergie renouvelable, équipant la bâtisse qui abrite l'école et la mairie de quatre pompes à chaleur et de panneaux photovoltaïques. Le bâtiment est désormais en autoconsommation.

Conserver l'âme du village

Le plus grand défi pour Parlan est finalement de conserver son âme tout en accueillant les nouveaux arrivants. La discussion s'engage à l'heure de l'apéritif au Multiple, le bar-restaurant de la place, tenu par Marion et Raphaël et qui reste toujours le lieu de rassemblement du village. « Il y a des nouveaux à qui je n'ai jamais parlé, juste un bonjour de temps en temps », dit un client. « Certains ne jouent pas le jeu, en revanche d'autres sont vraiment bien intégrés dans la vie du village », tranche Raphaël avant de dresser les tables pour le service du midi.

L'équilibre entre la croissance et la préservation de l'histoire du village est délicat, mais le maire semble confiant pour la suite. Michel Teyssedou veut se battre pour qu'il n'y ait pas de « fatalité au déclin » des campagnes. Il le prouve, tout en rêvant, avec son équipe municipale, que son cher village puisse être un modèle pour d'autres communes rurales.

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