Le FMI prône la recapitalisation des banques les plus fragiles

Par latribune.fr  |   |  495  mots
Copyright Reuters
Dans son rapport sur la stabilité financière mondiale, le FMI craint une contagion de la crise européenne aux banques des pays émergents.

Le rapport du Fonds Monétaire International sur lequel s'était appuyée Christine Lagarde, sa directrice générale, pour appeler à une recapitalisation « urgente » et « substantielle » des banques européennes est enfin paru. Le « Rapport sur la stabilité financière mondiale » précise que certains établissements financiers ont effectivement besoin d'être recapitalisés, et ce, en faisant appel à des capitaux privés, mais aussi publics.

Il précise notamment que « le Fonds européen de stabilité financière devrait être employé pour fournir du capital aux banques autant que nécessaire », alors que son aide est aujourd'hui limitée aux États. Les établissements concernés par cette aide seraient les « banques les plus fragiles ».

Il chiffre les pertes des banques dues à la crise des dettes souveraines à 200 milliards d'euros depuis fin 2009, dont 60 milliards d'euros pour la Grèce, 20 milliards pour l'Irlande et le Portugal, 120 milliards pour l'Espagne, l'Italie et la Belgique. Il estime par ailleurs que le coût des risques des banques de ces six pays s'élève à 100 milliards d'euros. « Cette estimation ne mesure pas les besoins en fonds propres des banques, qui exigeraient une évaluation complète de leurs bilans et résultats », a précisé le FMI. Pour celui-ci, les besoins en capitaux des banques devront être identifiés par des stress tests.

Volte-face

L'institution redoute aussi une possible contagion de la crise de la dette aux banques des pays émergents, précisant que l'Amérique latine est la région la plus vulnérable.

La veille, l'Union européenne, qui niait jusqu'à présent toute nécessité de recapitalisation des banques de la zone euro, avait fait volte-face. Le commissaire à la concurrence, Joaquin Almunia, estimait que, « compte tenu de l'aggravation de la crise des dettes souveraines, de nouvelles banques auront peut-être besoin d'être recapitalisées », en plus des neuf qui n'avaient pas satisfait aux stress-tests de juillet 2011. La faillite de la Grèce n'étant plus exclue et la note de solvabilité de l'Italie venant d'être dégradée par S&P, Joaquin Almunia redoute que les banques de la zone euro « ne puissent plus remplir leur rôle crucial de financement de la croisssance ». Il s'apprête donc à proposer une prolongation des règles mises en place en 2008 pour « permettre aux gouvernements de continuer à aider leurs banques au-delà de 2011 ».

Valérie Pécresse, ministre du Budget, a quant à elle martelé mercredi que les banques françaises, « qui ont augmenté leurs fonds propres de 50 milliards d'euros depuis 2008, n'ont pas besoin d'être recapitalisées davantage ».

Reste que la défiance à l'égard des banques européennes s'accroît. Mardi, le site de rencontres Meetic indiquait que son actionnaire américain le priait de retirer son cash entreposé dans une banque française. Et mercredi, c'était au tour des Lloyd's, le marché londonien de l'assurance spécialisée, d'annoncer son retrait des fonds de certaines banques européennes, « compte tenu de l'incertitude entourant la zone euro ».