Zone euro : L'inflation redevient positive et dépasse les attentes

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Zone euro: l'inflation rebondit plus fortement qu'attendu[reuters.com]
(Crédits : Yves Herman)

BRUXELLES/FRANCFORT (Reuters) - L'inflation dans la zone euro est redevenue positive en janvier et elle a même dépassé les prévisions des économistes, montre la première estimation publiée mercredi par Eurostat, qui pourrait compliquer la tâche de la Banque centrale européenne (BCE).

Le taux d'inflation calculé aux normes européennes IPCH ressort à 0,9% en rythme annuel après -0,3% en décembre. Il était négatif depuis le mois d'août, principalement en raison de la chute des prix de l'énergie.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 0,5% par rapport à janvier 2020.

Sur un mois, l'inflation ressort à 0,2%.

Les prix de l'énergie ont augmenté de 3,8% par rapport à décembre mais demeurent en baisse de 4,1% sur un an.

L'inflation dite de base, c'est à dire hors énergie et produits alimentaires non transformés, reste négative sur un mois, de 0,3%, mais atteint 1,4% sur un an.

Une mesure plus étroite encore qui exclut également l'alcool et le tabac, et donc les éventuelles variations de la fiscalité sur ces deux catégories de produits, recule de 0,5% par rapport à décembre mais affiche elle aussi une hausse de 1,4% en rythme annuel.

En janvier, l'accélération des prix a été visible principalement en Allemagne, la première économie du bloc, avec une hausse de 1,6% sur un an, et aux Pays-Bas (+1,7% annuel), contre +0,8% en France et +0,5% en Italie.

La Banque centrale européenne (BCE), qui s'est fixé comme objectif un taux d'inflation "inférieur à mais proche de" 2% sans parvenir à l'atteindre depuis des années, avait déjà prévenu ces dernières semaines qu'elle s'attendait à un rebond de l'inflation, tout en soulignant qu'il ne devrait être que temporaire.

Mais même limité dans le temps, ce rebond risque de compliquer le maintien des moyens exceptionnels de soutien au crédit et à l'économie déployés face à la crise du coronavirus, notamment en Allemagne.

Pourtant, pour beaucoup d'observateurs, il est bien trop tôt pour envisager une évolution de la politique monétaire.

"La faiblesse des pressions inflationnistes a commencé à s'atténuer et nous prévoyons désormais que la remontée des prix sera plus rapide cette année. Mais nous voyons peu d'implications pour la BCE car elle a sans doute déjà intégré ces facteurs en les prenant en compte dans ses prévisions", explique Maddalena Martini, économiste d'Oxford Economics.

"Surtout, l'inflation sous-jacente hors d'Allemagne est nettement plus faible, donc un soutien important de la politique monétaire continue de se justifier."

Sur le marché des changes, l'euro n'a que brièvement réduit ses pertes après la publication des chiffres d'Eurostat et vers 10h20 GMT, il cédait 0,23% face au dollar à 1,2013.

Tableau

(Jan Strupczewski et Balazs Koranyi, version française Marc Angrand, édité par Blandine Hénault)