Le nationaliste corse Charles Pieri en garde à vue

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(Crédits : © Christian Charisius / Reuters)

PARIS (Reuters) - Le militant nationaliste Charles Pieri, 69 ans, a été placé mardi en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour abus de biens sociaux et recel de ces mêmes infractions, a confirmé la procureure de la République de Bastia.

"Il a été interpellé ce matin à son domicile et durant sa perquisition, des armes, dont des armes de poing ont été découvertes", a précisé Caroline Tharot.

Trois autres personnes ont également été placées en garde à vue, une proche de Charles Pieri et deux employés d'une société, selon France Corse Via Stella, qui a révélé l'information.

Caroline Tharot a souligné que cette affaire relevait du "droit commun" et n'avait "rien à voir avec une grande enquête portant sur des marchés publics".

Ces arrestations interviennent dans un contexte politique de dialogue retrouvé entre le gouvernement et l'île, scellé par la visite récente du premier ministre, mais aussi par l'acquittement pour assassinat d'un membre du Front de libération nationale corse (FLNC), proche de Charles Pieri.

Le parti indépendantiste Corsica Libera n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat, tandis qu'une association de défense des détenus nationalistes appelait en fin de matinée à un rassemblement de soutien devant le commissariat de Bastia, où sont réalisés les interrogatoires.

Figure des années de plomb, dans les années 90, quand le mouvement nationaliste était déchiré par une guerre fratricide qui fit une quarantaine de morts, Charles Pieri, était selon une source judiciaire, le chef du FLNC canal historique, dont la vitrine légale était A Cuncolta naziunalista.

Charles Pieri était également suspecté par la police d'être "en lien avec le grand banditisme, notamment le gang bastiais de la Brise de mer après son évasion en 1984 à Bastia avec une simple corde de la prison de Sainte-Claire, en compagnie du parrain Francis Mariani (tué en 2009)", selon la même source.

Condamné en 2001 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, puis en 2005 pour extorsion, Charles Pieri avait également écopé il y a 6 ans d'une condamnation pour infraction à la législation sur les armes.

Il avait défrayé la chronique en février 2018 en publiant sur Facebook un post insultant à l'endroit de la veuve de Claude Erignac, le préfet assassiné à Ajaccio en 1998, le jour même où le président de la République commémorait le vingtième anniversaire du représentant de l'Etat sur l'île.

La justice l'avait condamné pour ces faits à une amende de 15.000 euros, mais c'est sur le plan politique que son nom est revenu polluer les relations entre les nationalistes modérés de Gilles Simeoni et de l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, respectivement présidents de l'exécutif et de l'assemblée de Corse. Charles Pieri est actuellement membre de l'exécutif de Corsica Libera et sa présence à une tribune l'an dernier, lors des journées internationales de Corte (Haute-Corse), la grand-messe estivale des nationalistes corses, avait provoqué un incident politique avec les nationalistes modérés, dont Gilles Simeoni, qui avait refusé de siéger à ses côtés.

(Paul Ortoli, édité par Yves Clarisse)