Bientôt des sites "Seveso" supplémentaires

Un nouveau règlement européen sur la classification et l'étiquetage des produits chimiques risque de faire basculer certains établissements dans la catégorie Seveso. Difficile à expliquer aux populations riveraines...
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Après l'accident survenu près de la petite ville italienne de Seveso le 10 juillet 1976 - l'usine chimique Icmesa, filiale du groupe suisse Givaudan, fabriquant du trichlorophenol, laisse échapper un nuage de produits toxiques contenant notamment des dioxines - l'Europe élabore un texte de directive, adopté le 24 juin 1982, demandant aux États et aux entreprises de recenser les sites industriels présentant des risques et de prendre les dispositions nécessaires pour y faire face : plans de prévention, plans d'urgence, maîtrise de l'urbanisation, information des riverains, mise en place d'une autorité de contrôle, etc. Cette directive sera renforcée quelques années plus tard, après le déversement, en novembre 1986, de produits toxiques dans le Rhin à la suite d'un incendie dans une usine du groupe suisse Sandoz, près de Bâle.

Les sites produisant ou accueillant des produits dangereux sont ainsi classés « Seveso », avec deux seuils différents : seuil bas, pour ceux contenant une quantité modérée de produits dangereux et seuil haut pour les autres. La France compte ainsi 1.140 établissements classés Seveso, dont 400 dans le seul secteur de la chimie.

Mais cette carte des sites à risques pourrait bientôt être modifiée en raison d'un nouveau règlement européen, dit CLP, qui définit de nouvelles règles de classification, d'emballage et d'étiquetage des produits chimiques en Europe. « Avec ce règlement, toutes les substances doivent être réétiquetées, ce qui déplace un peu les seuils de toxicité, explique Philippe Prudhon, directeur des affaires techniques à l'Union des industries chimiques (UIC). Une substance qui était simplement nocive peut passer dans la catégorie toxique. Un site utilisant cette substance va ainsi voir augmenter son tonnage de produits toxiques, ce qui peut le faire basculer dans les établissements classés Seveso. » Les industriels chiffrent à 10 % l'augmentation du nombre de sites Seveso résultant de ce règlement, tandis que le ministère de l'Environnement estime cette hausse de 2 à 3 %. « Le calcul est compliqué, reconnaît Philippe Prudhon, mais le plus difficile sera d'expliquer aux riverains d'un site chimique que ce site est désormais classé Seveso, alors que sa production n'a pas changé... ».Un exercice complexe en effet...

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