Gilles Ouaki, la photo à mort

Ancien photoreporter, l'artiste expose cet automne dans plusieurs lieux différents.
Gilles Ouaki

Elles dormaient dans des boites à chaussures depuis des années. Par centaines. Par milliers. Presque oubliées. Reléguées dans une autre vie. Celle d'avant. Des années 1970 et 80 lorsque Gilles Ouaki était encore photojournaliste. Il écumait alors les scènes de crime, les coulisses sordides de la France de ces années-là. Il y a là des flingues, du sang, des voyous, des amants terribles, des macchabées aussi, beaucoup, des riches et des pauvres. Quelque chose d'unique, même si Ouaki ne le sait pas encore. Il a fallu attendre la fin des années 2000 pour voir la force de ces photos éclater au grand jour. Et libérer une bonne fois pour toute sa créativité débridée.
Depuis quelques années, notre homme n'arrête plus. On le retrouve cet automne sur tous les fronts. Dans le Val d'Oise où il met en espace le travail de ses pairs artistes à l'abbaye de Maubuisson, dans le Val-d'Oise. Parmi eux, Stéphane Pencréac'h ou Gérard Fromanger. Chez L'éclaireur, où il présente photos, installations et objets dont une série d'appareils photo Leica qu'il s'est amusé à signer. Dans plusieurs galeries parisiennes aussi. Au Salon Paris Photo, enfin où l'une de ses images est exposée dans l'exposition de groupe Leica. Mais au c?ur de ce travail, la photo occupe une place de choix. Peut-être parce qu'elle l'a sauvé. D'une vie banale. De l'ennui.
Il y est venu dès son plus jeune âge, grâce à un prix organisé par Kodak. Il avait 12 ans. Quelques années plus tard, il frappe à la porte de l'antenne du Parisien de sa ville de banlieue, et s'impose à force de ténacité comme l'un des photographes de l'équipe. On le retrouve ensuite à Paris Match, toujours au rayon « Fait divers ».
Mais Ouaki a d'autres choses à dire. Sans oser prendre la parole directement. Alors il s'en va solliciter les artistes de son temps, Pierre Soulage ou Arman, à qui il donne une photo polaroid avant de les laisser réagir. Comme s'il n'osait se mettre en avant.
Depuis peu, heureusement, Gilles Ouaki s'est mis à dire « je ». Dans de nouvelles séries de photos, natures mortes qui n'ont jamais aussi bien porté leur nom. Dans des installations folles fourmillant d'objets rouges glanés tout au long de sa vie et de ses voyages. Qu'il s'agisse d'un transistor, d'une croix ou d'une voiture. Il y a aussi cet appareil géant, à la fois canapé, bibliothèque, écran plasma et lampe mobile.
A y regarder de plus près, la mort est omniprésente dans le travail de Ouaki où le rouge sang éclate, quand ce ne sont pas les révolvers qui claquent ou s'embrasent. Comme dans ses premières photos.

Gilles Ouaki est exposé dans les lieux suivants :
- Au salon PARIS PHOTO dans le cadre de l'exposition Leica, au Carrousel du Louvre jusqu'21 Novembre 2010.
- Trois expositions dans les galeries de L'ECLAIREUR "Redrum" 10 rue Hérold Paris 1er, "vanitas/vanitatum" 7-9 rue Herold Paris 1er, "autoportraits" 8 Rue Boissy d'Anglas Paris 4e, jusqu'au 5 décembre
- A la Heart Gallerie : 30, rue de Charonne 75011 Paris du 26 novembre au 7 décembre 2010

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