Le paradoxe chinois : un pollueur vert

Malgré une vraie politique environnementale, la pollution continue à augmenter et le pays peine à encadrer sa croissance à l'échelle locale.

Difficile de trouver un chiffre qui résume à lui seul la politique environnementale de la Chine et ses progrès. En 2009, le pays a dépensé 30 milliards de dollars dans des projets environnementaux, et HSBC Global Research estime que, par le biais de prêts, de subventions ou d?incitations, près d?un tiers de son plan de relance a indirectement bénéficié à l?industrie verte et à la réduction d?émissions de gaz à effet de serre. L?objectif de 15 % d?énergies renouvelables en 2020 devrait être largement atteint et l?on observe déjà une surchauffe dans le secteur. Les projets éoliens s?érigent bien plus vite qu?ils ne peuvent être reliés au réseau. Aujourd?hui, l?objectif chinois dans l?éolien est de 30 GW en 2020, mais ce chiffre devrait être largement dépassé pour atteindre 100 GW, voire 200 GW. Outre le développement de technologies de pointe, la Chine ferme ses usines polluantes, traite ses déchets et ses eaux usées, interdit les sacs en plastique (entraînant une réduction des émissions de CO2 de 7,6 millions de tonnes). Elle note aussi ses fonctionnaires et sanctionne les entreprises qui ne respectent pas les lois.

Réduction des émissions

« Le vrai tournant date des années 2000. La Chine a compris l?enjeu de ces problèmes et la fin de la crise asiatique a permis aux banques de financer plus massivement les projets », explique Sébastien Meyer, associé chez Azure International, un cabinet de conseil en environnement. Résultat : une forte diminution des émissions de soufre et de la demande chimique en oxygène et plusieurs centrales alimentées au charbon (d?une capacité de 54 GW) fermées depuis 2007.
Mais, de l?aveu même du vice-ministre de la Protection de l?environnement, Zhang Lijun, lors de la session annuelle du Parlement début mars, « la qualité de l?environnement général se dégrade ». Et la Chine ne devrait pas atteindre son objectif de réduire son intensité énergétique par unité de PIB de 20 % par rapport à 2005 d?ici à la fin du XIe Plan quinquennal cette année. « La mise en ?uvre au niveau local de la politique du gouvernement central pose problème », explique Richard Balme, professeur à Sciences po et à l?université de Tsinghua. « Des atteintes à l?environnement subsistent. La politique environnementale ne fait pas encore le poids par rapport à la recherche de croissance », continue le professeur. À cela s?ajoutent d?autres obstacles dont les liens incestueux entre les entreprises polluantes et les gouvernements locaux. Ainsi, ces derniers n?hésitent pas à abuser de leur pouvoir pour empêcher les ONG locales d?alerter Pékin.
Mais, malgré la volonté visible du gouvernement de la rendre plus « verte », le vrai frein demeure la croissance économique, près de 10 % par an depuis dix ans. Le pays continue d?installer 70 GW de capacité énergétique par an et de dépendre du charbon pour 70 % de ses besoins. « La Chine va continuer à devenir verte tout en restant le plus gros pollueur mondial », conclut Richard Balme.

 

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