La corruption mine la croissance des émergents

Comme la Russie, l'Inde va faire de la lutte contre la corruption l'une de ses priorités, car elle nuit au climat des affaires et alimente la contestation sociale face aux autorités.
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Ces derniers temps, les grands pays émergents montrent une volonté de lutter contre la corruption. En effet, ils y voient un handicap pour attirer capitaux et entreprises étrangères, et en l'absence d'une véritable gouvernance, son ampleur est de nature à provoquer des conflits sociaux. Récemment, la Russie a adopté une législation pour éradiquer ce fléau. Mais comme l'indiquait son président, Dmitri Medvedev, lors du dernier forum de Davos en janvier : « Je ne me fais pas d'illusions, je sais que nous n'arriverons pas à tout faire en un ou deux ans. »

Mardi, une procédure a été ouverte à l'encontre de l'ex-président du Brésil, le populaire Luiz Inacio Lula da Silva, pour utilisation irrégulière de fonds publics pour le financement d'une campagne électorale d'un de ses ministres.

Détournement bureaucratique

L'Inde s'y attaque aussi. Lundi, le gouvernement présentera un budget 2011-2012 qui en fera une de ses trois priorités, avec le contrôle de l'inflation et le maintien de la croissance, prévue à 9 %. « S'occuper directement de l'inquiétude suscitée par le manque de probité et d'intégrité dans la vie publique » sera « une des toutes premières priorités de mon gouvernement en 2011-2012 » a déclaré la présidente indienne, Pratibha Patil.

Ce n'est pas un hasard si le Premier ministre indien Manmohan Singh vient d'accepter, comme le réclamait l'opposition depuis des mois, la création d'une commission d'enquête parlementaire à propos du vaste scandale de corruption qui secoue le pays depuis l'automne dernier. Le ministre des Télécommunications, Andimuthu Raja, a dû démissionner car il est accusé d'avoir attribué des licences de téléphonie mobile de deuxième génération à un prix dérisoire, faisant perdre au moins 40 milliards de dollars au budget public. Il a été arrêté début février, une grande première en Inde. Toutefois, le détournement bureaucratique reste de mise comme le montre le dernier scandale en date : les volumes de céréales subventionnés par l'État indien pour être distribués aux plus pauvres sont aux deux tiers volés ou impropres à la consommation.

En Chine (voir entretien ci-dessous), c'est le ministre des Chemins de fer qui est tombé pour corruption. Liu Zhijun est soupçonné d'avoir attribué des marchés dans des conditions favorisant certains opérateurs. La Chine est en train de développer un intense réseau ferroviaire, qui devrait être long de 110.000 kilomètres en 2012, dont 13.000 dédiés à la grande vitesse. La forte croissance des économies émergentes favorise paradoxalement la corruption. La multiplication d'appels d'offres dans des pays où le pouvoir reste concentré et la bureaucratie omniprésente, l'obtention d'un marché passe par les pots de vin, petits et grands, d'autant que l'activité économique reste difficile à contrôler en l'absence d'autorités spécialisées disposant de moyens adéquats.

Si l'on se réfère au dernier classement de Transparency International, qui mesure le degré de corruption des pays, le Brésil occupe le 69e rang, la Chine le 78e, l'Inde le 87e et la Russie le 154e. ce qui laisse une large marge de progression...

 

 

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