Escalade à Bahreïn : l'armée saoudienne intervient

Une coalition de partis d'opposition comprenant le premier parti chiite du pays, le Wefak, considéré comme modéré, a déclaré que toute intervention des forces régionales constituerait une déclaration de guerre et une occupation.
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Le royaume de Bahreïn a demandé l'aide militaire de l'Arabie saoudite et des pays voisins du Golfe pour faire face aux importantes manifestations en cours, un appel qui équivaut selon l'opposition chiite à une déclaration de guerre. Un millier de soldats saoudiens sont entrés sur le territoire de Bahreïn, a-t-on déclaré lundi de source autorisée saoudienne.

Un conseiller de la monarchie sunnite avait déclaré dimanche soir que des forces de pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) se trouvaient d'ores et déjà dans le petit pays insulaire qui abrite la Ve flotte américaine. Des journalistes n'ont vu lundi aucun mouvement de troupes saoudiennes sur le pont-digue de 25 km entre les deux pays.

Une coalition de partis d'opposition comprenant le premier parti chiite du pays, le Wefak, considéré comme modéré, a déclaré que toute intervention des forces régionales constituerait une déclaration de guerre et une occupation.

Bahreïn, dirigé par la famille régnante sunnite des Khalifa, est en proie depuis plusieurs semaines à d'importantes manifestations, menées pour l'essentiel par la majorité chiite de la population. "Des forces du CCG sont arrivées à Bahreïn pour maintenir l'ordre et la sécurité", a déclaré Nabil al Hamer, ex-ministre bahreïni de l'Information et conseiller auprès de la cour. Outre Bahreïn, le CCG comprend l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar et Oman. Le CCG est une alliance militaire, économique et politique. Dans tous les cas, une force du CCG serait composée pour l'essentiel par l'Arabie saoudite, jugent analystes et diplomates.

PROTÉGER LES INFRASTRUCTURES

Le royaume wahhabite surveille la contestation à Bahreïn avec inquiétude, redoutant une contagion à ses provinces orientales riches en pétrole où habite une importante minorité chiite et où de petites manifestations ont déjà eu lieu.

Le journal Gulf Daily News, proche du puissant Premier ministre du royaume, écrit lundi que les forces du CCG, bloc régional de six pays, protégeront les installations stratégiques. "Les forces du CCG arriveront aujourd'hui à Bahreïn pour maintenir la loi et l'ordre", écrit-il. "Leur mission se limitera à la protection des infrastructures essentielles, comme les installations pétrolières, électriques et d'eau, ainsi que les institutions financières et bancaires", ajoute le quotidien.

Dimanche, les affrontements entre manifestants chiites et forces de l'ordre ont été d'une violence sans précédent depuis le 17 février, date à laquelle sept personnes avaient été tuées par l'armée. Après avoir tenté de repousser les protestataires pendant plusieurs heures, la police a reculé et de jeunes manifestants ont dressé des barricades en travers de l'avenue qui conduit au quartier d'affaires Financial Harbour de Manama. Ces barricades étaient toujours en place lundi matin. Les manifestants contrôlaient les voitures à l'entrée de la place de la Perle, haut lieu de la contestation. De l'autre côté de l'avenue, les policiers ont mis en place un barrage pour empêcher les véhicules de rejoindre le quartier d'affaires en provenance de l'aéroport.

Aucun soldat, bahreïni ou autre, n'était visible dans la capitale. L'appel au CCG est un risque pris par le royaume, estiment des analystes. "Les chiites des Etats à forte population chiite, le Koweït et l'Arabie saoudite en particulier, pourraient intensifier leur propre mouvement de contestation", déclare Ghanem Nouseibeh, du cabinet de consultants Cornerstone Global. "L'agitation à Bahreïn pourrait potentiellement se transformer en violences religieuses au niveau régional."

S'exprimant dimanche à Ryad, le secrétaire général du CCG, Abdoul Rahman al Attiyah, a déclaré qu'il était de la responsabilité du bloc régional d'assurer la sécurité et la stabilité d'un pays membre. Dans une allusion à l'Iran, principale puissance chiite dans la région, il a ajouté que le CCG rejetait toute ingérence étrangère à Bahreïn. Le royaume sunnite accuse l'opposition bahreïnie d'être aidée par la République islamique, ce que démentent les manifestants.

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