« Le parti communiste fait tout pour masquer ses divisions »

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Jean-Pierre Cabestan Professeur à l'Université Baptiste de Hong Kong (*)

Ce lundi s'achèvent les travaux de l'Assemblée nationale populaire, dominée par un Parti communiste (PC) chinois dont le fonctionnement reste opaque. Explications.

Que signifie être membre du Parti communiste en 2011 ?

C'est être membre d'une « famille » de 78 millions de Chinois - soit près de 6 % de la population - qui ont une relation particulière avec le pouvoir politique, c'est-à-dire le Parti-État, sur leur lieu de travail ou de résidence. Cela veut dire avoir l'ambition de réussir dans le système tel qu'il est.

Est-ce une étape obligatoire lorsqu'on veut réussir à un certain niveau ?

C'est une étape indispensable si l'on veut faire carrière dans l'administration.

Et dans le secteur privé ?

Aussi. Le parti veut maintenir une emprise sur les élites entrepreneuriales ou locales. Les premières sont incitées à rejoindre le PC afin d'intégrer les réseaux de relations dont ils ont besoin pour faire prospérer leurs affaires. Les secondes afin de cultiver les liens et les protections indispensables au maintien de leur statut.

Le PC peut-il davantage s'ouvrir ?

C'est la plus grande société secrète du monde, et ceci au regard de l'opacité qui entoure son fonctionnement. Le parti n'a de comptes à rendre à personne, pas même à l'État qui le finance, et encore moins aux contribuables.

Mais on a l'impression qu'il y a un réel débat idéologique?

Il faut être prudent sur les divergences qui peuvent traverser la direction. Il est clair que parmi les membres se trouvent des partisans d'une démocratisation. Mais ceux-ci sont minoritaires au sein de la direction. Il y a des divergences entre le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao sur le bien-fondé d'une relance de la réforme politique, et même peut-être sur son contenu. Mais l'on manque de preuves. Et depuis Tiananmen (1989), le parti fait tout pour apparaître uni et masquer ses divisions. Il sait que, s'il se montre divisé, une partie du corps social en profitera pour pousser ses revendications politiques. Propos recueillis par Virginie Mangin (*) Auteur de « la Politique internationale de la Chine », Presses de Sciences Po, 2010.

(Lire l'intégralité de l'entretien sur www.latribune.fr)

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