Libye : Faire oublier le passé et relancer la politique arabe de la France, tels sont les vrais objectifs de l'Élysée

Pragmatique, Sarkozy mise sur de futurs « tigres » économiques en Afrique du Nord.
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« L'avenir de ces peuples arabes leur appartient. Au milieu des difficultés et des épreuves de toutes sortes qu'ils ont à affronter, ces peuples arabes ont besoin de notre aide et de notre soutien. » L'apparente modestie affichée par Nicolas Sarkozy lors de son allocution télévisée, à l'issue du sommet de Paris, traduit surtout la volonté de faire jouer à la France un rôle majeur dans la région. Pragmatique, le président de la République aura rapidement tourné la page du soutien sans faille accordé ces dernières années aux régimes policiers en Tunisie, en Égypte et en Libye. Le vent de l'histoire a emporté les anciens « amis » de la France, Zine el-Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak et Mouammar Kadhafi qui présentaient aux yeux de Paris l'avantage de maîtriser le risque islamiste et de l'émigration clandestine.

En Tunisie, la révolution du Jasmin a obligé tout le monde à reconsidérer ses repères et, à ce jeu, le président français aime à aller vite. Le cas libyen l'illustre. Les explications fournies par l'influent intellectuel politico-médiatique Bernard-Henri Lévy, de retour du bastion des insurgés à Benghazi, auront convaincu Nicolas Sarkozy non seulement de recevoir et de reconnaître l'opposition - hétéroclite - libyenne, mais aussi d'appeler à mettre hors d'état de nuire le colonel Kadhafi. En fait de favoriser l'extension d'un continuum de la liberté, le pays se trouvant entre Égypte et Tunisie.

Une telle configuration pourrait permettre demain à la France de relancer un partenariat euro-méditerranéen, plutôt en panne ces dernières années, avec des régimes démocratiques et libéraux, ouverts aux investissements internationaux, susceptibles de donner naissance à des « tigres » arabes. Une bonne part du Maghreb et du Proche-Orient est sinon francophone du moins francophile. Sur le plan européen, il permettrait à la France de jouer un rôle central et pivot dans cette dynamique méditerranéenne, comme l'Allemagne le fait aujourd'hui dans le Nord et l'Est européens.

Mais l'opération n'est pas sans risque. Après l'euphorie du changement, le processus démocratique en Tunisie et en Égypte reste à consolider. Et, en cas de résistance du régime de Kadhafi, l'engagement des troupes françaises sur le territoire libyen - pour l'heure exclu - pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les opinions arabe et française. Ce serait alors le pire des scénarios pour Nicolas Sarkozy.

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