L'essor urbain, un eldorado commercial sous-estimé

407 villes émergentes contribueront à 37 % de la croissance mondiale d'ici à 2025, selon le McKinsey Global Institute.
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Ahmedabad, Huambo, Fushun, Viña del Mar. En 2025, 600 villes contribueront à environ 60 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit autant qu'actuellement. Mais dans un rapport consacré à la « capture des opportunités de croissance urbaine » pour les entreprises, le McKinsey Global Institute prévient : « Ces villes ne seront pas les mêmes. » « Au cours des quinze prochaines années, la composition de ce groupe de 600 villes changera à mesure que le centre de gravité du monde urbain se déplacera vers le Sud et résolument vers l'Est. » Les milieux d'affaires doivent donc se préparer au fait que 230 villes auront alors intégré ce « top 600 ». Toutes seront localisées dans des pays émergents et 216 d'entre elles seront chinoises. Or, beaucoup restent largement négligées par les services de prospective des multinationales occidentales.

735 millions de foyers

« Aujourd'hui, les stratégies d'entreprise tendent à se focaliser, en premier lieu, sur les économies des pays développés et les mégalopoles », qui représentent 73 % du PIB mondial, note le rapport. Cependant, ces villes ne contribuent qu'à 30 % de la croissance mondiale. « Ce que les entreprises ne voient pas, c'est que d'ici à 2025, 407 villes émergentes, de taille moyenne, vont contribuer à 37 % de la croissance » globale, insistent ses auteurs. Leurs projections donnent le vertige : le PIB combiné des 600 villes majeures aura augmenté de 34.000 milliards de dollars entre 2007 et 2025. Près de 735 millions de foyers vivront dans ces cités, soit 310 millions de plus qu'actuellement.

Les retombées économiques seront énormes, notamment pour les secteurs associés à la consommation mais aussi à l'éducation. « Nous estimons que le nombre d'enfants nés dans des foyers dont les revenus annuels sont supérieurs à 20.000 dollars est susceptible de croître dix fois plus vite dans les villes des régions en voie de développement que dans celles des économies développées », estime McKinsey. Ainsi, en 2025, 55 % des enfants appartenant à cette catégorie sociale vivront dans une ville du « top 600 ». Les deux tiers habiteront en Chine, en Amérique latine ou dans le sud de l'Asie.

Dans les infrastructures, certains pays devront consacrer des efforts financiers colossaux pour faire face à l'urbanisation galopante de leur population... ce qui représentera des opportunités gigantesques pour les sociétés occidentales. « En raison d'années de sous-investissement chronique, l'Inde est très en retard par rapport à la Chine en matière de parcs d'infrastructures installés », remarque le McKinsey Global Institute. Le sous-continent devra investir 1.200 milliards de dollars dans ses villes au cours des vingt prochaines années, soit 134 dollars par habitant et par an, contre 17 dollars actuellement. L'empire du Milieu consacre déjà 116 dollars par an et par habitant à ses infrastructures urbaines.

Pour tirer parti de cette croissance, McKinsey recommande aux entreprises occidentales de viser des « clusters » de villes ? soit des cibles urbaines dans un « rayon gérable de 200 à 500 kilomètres » - ce qui leur permettra de rayonner aussi sur les agglomérations moyennes et les zones rurales environnantes. Harbin, Guiyang, Hyderabad ou Barranquilla deviendront alors des marchés prioritaires et accessibles.

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