Le Maroc touristique cible d'un attentat meurtrier

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Un attentat à la bombe perpétré par un kamikaze a fait au moins 14 morts dont 11 étrangers (6 Français selon la télévision Arabiya) et une vingtaine de blessés jeudi matin à Marrakech, dans un café de la célèbre place Jamâa El-Fna, haut lieu du tourisme au Maroc.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière dans cette monarchie d'Afrique du Nord depuis les attentats de Casablanca menés par des extrémistes islamistes, le 16 mai 2003, qui avaient fait 45 morts, dont 12 kamikazes.

Selon un communiqué de la présidence française, Nicolas Sarkozy « a appris avec consternation l'attentat terroriste qui a eu lieu à Marrakech » et « condamne avec la plus grande fermeté cet acte odieux, cruel et lâche qui a fait de très nombreuses victimes parmi lesquelles des Français ». Jeudi soir, le ministère de l'Intérieur marocain se montrait prudent sur les commanditaires, l'attentat n'ayant pas été encore revendiqué.

Depuis le début de l'année, le Maroc a été relativement épargné par « le printemps arabe », les révoltes qui secouent l'Afrique du Nord et le Proche-Orient. Toutefois, des manifestations en faveur de changements démocratiques ont eu lieu dans le royaume depuis le 20 février, et le roi Mohammed VI a promis de procéder à d'importantes réformes démocratiques. À la mi-avril, il avait gracié de nombreux détenus politiques, dont des islamistes, dans un geste d'apaisement à l'égard des contestataires qui exigent des changements politiques profonds.

L'économie affectée

Pour le pays, qui vit en large part de l'industrie du tourisme, ce type d'attentat pourrait avoir des conséquences économiques dommageables pour son activité. « Les gens sont en train de paniquer. C'est un acte terroriste et il va affecter l'économie ainsi que ternir l'image du pays. Les investisseurs locaux passent à la vente », commentait un trader, cité par Reuters. L'indice de la Bourse de Casablanca perdait 3,3 % jeudi en début d'après-midi.

Marrakech est en effet la première ville touristique du pays, devant Agadir et Casablanca. Selon les prévisions du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), le secteur devait générer en 2011 près de 75 milliards de dirhams (6,5 milliards d'euros), représenter 9,1 % du PIB et 918.000 emplois. Les exportations liées aux dépenses des touristes représentent un quart du total des exportations du pays. « La contribution directe des secteurs du voyage et du tourisme au PIB du Maroc devrait croître de 6,2 % par an d'ici à 2021 pour atteindre 135,9 milliards de dirhams (11,9 milliards d'euros) soit 10,5 % du PIB », estiment les experts du WTTC.

C'est par ailleurs un nouveau coup dur pour les acteurs du tourisme français, qui pâtissent déjà de la baisse de la demande des clients pour les pays du Maghreb depuis le début du printemps arabe. Comme la Tunisie et l'Égypte, le Maroc figure parmi les destinations moyen-courriers préférées des Français. Notamment la destination de Marrakech, qui a bénéficié de l'explosion de l'offre aérienne ces dernières années. « L'impact de l'attentat sera immédiat », explique le PDG d'une compagnie aérienne tricolore. Selon un PDG d'un poids lourd du tour-operating, la demande pour le Maroc avait déjà fléchi de 30 % depuis le début des révolutions arabes, même si une légère reprise a été observée durant les vacances de Pâques. Cette timide éclaircie commençait à se remarquer également dans les réservations pour cet été vers la Tunisie. « Nous étions à ? 90 % il y a peu, nous sommes passés à ? 50 % », explique un acteur du tourisme. Cette réticence pour les pays du Maghreb se traduit par des reports de voyage vers la Grèce (la Crète notamment), la Turquie, l'Italie, l'Espagne et... la France.

 

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