« Nous ne pouvons pas conserver toutes les positions à la tête des organismes internationaux dans un monde qui change »

Pour remporter l'adhésion des non-Européens lors des prochaines opérations de sauvetage, mieux vaut laisser le FMI être dirigé par un membre du nouveau monde.
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Vous avez publié le 17 mai, avec l'économiste indien Arvind Subramanian, un appel à prendre en considération des candidats issus de pays émergents pour la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. Quels sont les enjeux pour l'Europe ?

Ces enjeux ont évolué au cours des douze derniers mois. Il y a un an, il s'agissait de convaincre les Européens que l'intervention du FMI à leur côté était dans leur intérêt. Dominique Strauss-Kahn a joué un rôle clé dans cet épisode. Aujourd'hui, les Européens ne contestent plus guère la légitimité de la présence du FMI. En revanche, le reste du monde nourrit de plus en plus de réserves quant à son engagement vis-à-vis de pays dont la solvabilité ne va pas de soi. Donc, si la prochaine étape est un refinancement de la Grèce, l'essentiel pour l'Europe est de faire en sorte que le FMI ait la capacité d'emporter l'adhésion de ses actionnaires non européens, notamment celle des Asiatiques et du Congrès américain. Il n'est pas évident qu'un directeur général européen soit le mieux placé pour relever ce défi.

Un non-Européen peut-il gérer la situation actuelle avec compétence, vu la complexité et la spécificité de l'économie politique de la zone euro ?

On a pu constater dans le passé récent que des non-Européens comme, au sein même du FMI, l'Américain Michael Deppler ou l'Indien Ajai Chopra qui coordonne l'intervention du Fonds en Irlande, étaient parfaitement capables d'intégrer les subtilités de notre Vieux Continent.

Ne serait-ce pas un renoncement pour l'Europe que d'abandonner cette position ? Doit-on exiger en échange un geste de la part des Américains ?

Soyons sérieux : les Européens sont à la tête de l'Organisation mondiale du commerce, de la Banque des règlements internationaux, du Conseil de stabilité financière, du normalisateur comptable international, du Comité de Bâle, et j'en passe. Nous ne pouvons pas conserver toutes ces positions dans un monde qui change à toute vitesse.

Y a-t-il des alternatives aux Européens ?

Il y a d'excellents candidats potentiels dans les pays émergents, comme Montek Singh Ahluwalia (Inde), Kemal Dervis (Turquie), Arminio Fraga (Brésil), Trevor Manuel (Afrique du Sud), ou Tharman Shanmugaratnam (Singapour). Les Européens n'ont plus le monople du talent.

(*) Peterson Institute for International Economics

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