En pleine croissance, la Turquie vote pour donner plus de pouvoir à Erdogan

Aux élections parlementaires de dimanche, le parti AKP du Premier ministre Erdogan devrait conforter sa majorité avec laquelle il gouverne depuis 2002. L'enjeu est de disposer des deux tiers des sièges pour imposer son projet de nouvelle constitution. Fort de ses bons résultats économiques, l'AKP promet de grands projets d'infrastructures.
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À trois jours des élections législatives en Turquie, les sondages d'opinion s'accordent sur un point : l'AKP (parti de la Justice et du Développement) au pouvoir depuis novembre 2002 semble en passe de remporter une troisième victoire d'affilée et de s'imposer de nouveau comme le premier parti du pays. L'enjeu pour le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan est de s'assurer la majorité la plus confortable possible lors du scrutin de dimanche afin de pouvoir mener à bien la réforme constitutionnelle qu'il promet depuis des mois. Actuellement, l'AKP dispose de 331 députés sur les 550 que compte le Parlement. S'il parvient à accroitre son score au-delà des 367, il pourra en théorie rédiger une nouvelle constitution, seul, sans avoir besoin du soutien des autres partis. S'il n'obtient qu'entre 330 et 366 députés, il devra soumettre son projet de constitution à un référendum. En dessous de cette barre des 330, l'AKP devra trouver un consensus avec les autres formations pour rédiger un texte constitutionnel en lieu et place de l'actuel, hérité du coup d'État de 1980.

Ton autoritaire et nationaliste

Les principaux partis d'opposition veulent empêcher un nouveau raz de marée de l'AKP dans les urnes. Le parti kémaliste du CHP (parti républicain du Peuple) a changé de leader l'an dernier et se voit crédité d'une hausse de ses électeurs par la plupart des sondages. Dans sa campagne, il dénonce notamment l'aspect inégalitaire de l'exceptionnelle croissance économique que connaît le pays depuis 2002. Quant au parti MHP (parti de la Mouvance nationaliste), troisième force politique du pays, il semble tenir en main le destin de la nouvelle constitution. La règle électorale en vigueur contraint en effet les partis politiques à obtenir plus de 10 % des suffrages au niveau national pour pouvoir entrer au Parlement. Or le MHP flirte dangereusement avec cette barre. S'il échouait à passer ce seuil, l'AKP pourrait voir le nombre de ses députés grimper en flèche. C'est d'ailleurs pour laminer cette formation que le Premier ministre a choisi un ton autoritaire et nationaliste. Recep Tayyip Erdogan a aussi basé sa campagne sur ses très bons résultats économiques (voir ci-dessous) et sur l'annonce de grands travaux. Il a ainsi promis la construction d'un canal parallèle au Bosphore destiné à désengorger ce détroit où passent plus de 50.000 tankers par an. Il a aussi annoncé la création de trois nouvelles villes, deux à proximité d'Istanbul et une au sud d'Ankara. Des projets dont le coût n'a toutefois pas encore été précisé.

« La nouvelle constitution représentera-t-elle les vues d'un seul parti ou recevra-t-elle le soutien d'une grande coalition ? » se demande Can Buharali du centre de recherche économique Edam. « Même idéale, une constitution soutenue par un seul parti ouvrirait la voie à une division de la société turque. C'est en cela que les élections du 12 juin sont importantes », avertit-il.

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