Pékin s'alarme de la multiplication des troubles sociaux

Depuis plus d'un mois, des affrontements opposent en Chine, population et forces de l'ordre, signe d'un mécontentement général plutôt que revendications politiques.
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La police peine à contrôler les violentes manifestations qui se déroulent en ce moment à Zengsheng, dans la province du Guangdong. Elles ont commencé vendredi après une altercation entre une colporteuse et des forces de l'ordre, qui quadrillent désormais cette ville industrielle peuplée de 800.000 habitants. Selon les medias chinois et l'agence Reuters, ce sont de véritables affrontements qui ont eu lieu tout le long du week-end, les manifestants s'en prenant notamment aux établissements publics et aux usines.

Si cet incident est intervenu sans lien avec d'autres événements, il s'inscrit néanmoins dans un contexte social général particulièrement tendu depuis plusieurs semaines. Ce n'est pas la première fois que de semblables troubles éclatent à travers le pays à la suite d'un incident banal, traduisant l'exaspération croissante de la population. En mai la province de la Mongolie intérieure a été le théâtre de violences ethniques après le décès d'un habitant mongol par un chauffard Han. Au début du mois, c'est la ville de Lichuan dans le sud du pays qui a connu de troubles similaires après la mort d'un bureaucrate lors de sa garde à vue, qui avait contesté une transaction immobilière. Pour chacun de ces incidents, les autorités n'ont pas hésité à déployer en nombre les forces de l'ordre, soucieuses de cantonner les manifestations localement et d'éviter à tout prix un effet de contagion. Un éditorial publié lundi par le journal officiel le « Global Times » rappelait que « la Chine n'est pas un pays où la frustration publique cherche à renverser collectivement l'ordre existant. »

Accroissement des inégalités

Pour l'instant, rien ne prouve que les révoltes soient organisées ou liées. Il s'agit plutôt d'un sentiment de frustration généralisée alimentée par plusieurs thèmes récurrents : corruption, expropriations, impunité des autorités, hausse des prix... Selon les derniers chiffres officiels, la Chine a connu en 2007 80.000 « incidents de masse » contre 60.000 en 2006. Aucune statistique n'a été publiée depuis. Mais le gouvernement ne cache pas ses inquiétudes face à l'accroissement des inégalités entre riches et pauvres et une frustration croissante au sein de la population qui réclame plus de justice sociale. L'inflation alimentaire et l'accès aux logements sociaux sont d'ailleurs devenus les deux priorités du gouvernement.

Depuis les révolutions du jasmin au Maghreb, les autorités contrôlent l'accès à l'information et ont arrêté plusieurs dissidents. Mardi, l'accès au Tibet a été fermé aux touristes étrangers.

 

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