La Corée du Nord s'ouvre à ses voisins russes et chinois

En proie à de sérieuses difficultés économiques, le régime de Pyongyang cherche à développer ses liens avec Moscou. En visite en Russie, Kim Jong-il veut faire avancer plusieurs dossiers d'envergure, comme le projet de construction d'un gazoduc sur le territoire nord-coréen.
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Pour la première fois depuis 2002, Kim Jong-il a voyagé à bord de son fameux train blindé pour se rendre en Russie. Le « Grand Leader » nord-coréen rencontrera son homologue Dimitri Medvedev d'ici mercredi, dans la ville d'Oulan-Oude, en Sibérie. Les deux hommes vont aborder la délicate question du démantèlement du programme nucléaire nord-coréen, et la reprise des pourparlers à six, dans l'impasse depuis 2009.

Mais le principal objectif de Kim Jong-il est ailleurs. Si le régime n'envisage pas de réduire sa collaboration avec la Chine [voir plus bas], ses dirigeants s'inquiètent de la trop grande dépendance vis-à-vis de Pékin, et cherchent donc à intensifier leur collaboration avec la Russie », indique Cheong Seong-chang, chercheur à l'institut Sejong à Séoul. La Corée du Nord, frappée de sanctions internationales, cherche à multiplier ses sources de devises : « Pyongyang va s'efforcer d'attirer les investissements russes dans sa zone économique spéciale de Rason. Les deux pays devraient aussi discuter de l'entrée d'ouvriers nord-coréens en Russie, et de l'importation de technologies avancées d'armement russe », poursuit le chercheur.

Pour la Russie, qui reste mesurée dans ses critiques envers le régime nord-coréen, le sommet sera l'occasion de relancer le très ambitieux projet de construction d'un gazoduc sur le territoire nord-coréen, capable d'acheminer le gaz naturel sibérien jusqu'en Corée du Sud. Piloté par le géant russe Gazprom, ce projet permettrait à la Russie de livrer au Sud environ 10 milliards de mètres cubes de gaz par an à partir de 2017. Selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, ce gazoduc pourrait rapporter jusqu'à 350 millions d'euros par an au Nord. Si des voix à Séoul s'inquiètent de laisser une telle source d'énergie transiter ainsi par le territoire du frère ennemi, d'autres sont plus enthousiastes. « C'est un projet gigantesque qui intéressera même le Japon. Il obligera Pyongyang à coopérer avec la communauté internationale et à s'ouvrir. Séoul doit donc fortement l'encourager », estime Bahng Tae-seop, de l'Institut économique Samsung à Séoul.

Autres projets chers à la Russie : la construction de lignes à haute tension, toujours à destination du Sud, et le raccordement de son transsibérien aux voies ferroviaires sud-coréennes. Ce dernier ouvrirait une nouvelle route, moins chères, aux produits sud-coréens à destination de l'Europe.

Aide alimentaire d'urgence

L'aide humanitaire sera aussi au menu des discussions.Vendredi, la Russie a livré le premier convoi des 50.000 tonnes de farine de blé promises à la population nord coréenne victime de graves inondations. De leur côté, les États-Unis ont annoncé jeudi une aide alimentaire d'urgence de 900.000 dollars.

Beaucoup ont noté dans l'entourage de Kim Jong-il la présence de Pak Pong-ju, un ancien premier ministre puni en 2007 pour avoir voulu mener des réformes économiques, de retour aux affaires depuis l'année dernière. Sa présence est interprétée comme le signe de la volonté de Pyongyang de voir ce voyage russe être suivi d'avancées concrètes.

Retrouvez sur LaTribune.fr notre reportage sur les marchés clandestins à Pyongyang

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