Les enjeux économiques de la reconstruction libyenne

Après la chute du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, la Libye s'apprête à écrire une nouvelle page de son histoire. Le Conseil national de transition (CNT) doit rétablir la sécurité et développer l'immense potentiel du pays.
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Le colonel Kadhafi restait introuvable lundi soir et les combats faisaient toujours rage dans certains quartiers de Tripoli. Mais les cris de joie et les manifestations d'euphorie dans la ville ne trompent pas : l'ère de Muammar Kadhafi est révolue. L'ex-Guide suprême, qui a combattu son propre peuple pendant six mois et une semaine, rejoint Ben Ali et Hosni Moubarak au chapitre des dictateurs déchus en 2011.Comme la Tunisie et l'Égypte, la Libye est maintenant face au plus grand des défis : se relever. Après avoir gagné la guerre, les rebelles doivent gagner la paix et remettre l'économie en état de marche. La mission s'annonce difficile. Après quatre mois de guerre, l'OCDE prédisait début juin une récession de... 19 % en 2011, suivie d'une croissance de 16 % en 2012. Une demi-année de combats (le nombre de morts est pour l'heure incertain) et le ralentissement, voire l'arrêt brutal de certains secteurs économiques comme le pétrole [voir plus bas] vont laisser des traces.

Mais la Libye a des atouts. Grâce à une dette publique qui représente seulement 3,3 % du PIB, le pays est l'un des moins endettés du monde et devrait, selon l'OCDE, sortir dès 2012 de la récession sans conséquences durables sur les finances publiques. Riche de son pétrole, de ressources considérables en gaz dont l'exploitation est pour l'instant embryonnaire (un seul gazoduc en direction de l'Italie), la Libye devrait attirer en masse les investissements étrangers, notamment français ou italiens [voir page 3]. D'autant plus que l'absence de transports performants (il n'y a pas de ligne ferroviaire), la faiblesse du secteur du tourisme, ou le manque d'infrastructures devraient favoriser le développement d'une activité soutenue.

« Éviter les représailles »

À l'intérieur, la chute du clan Kadhafi va entraîner une réorganisation profonde de l'appareil économique. « Encore plus qu'en Tunisie avec les Trabelsi, tous les leviers économiques de la Libye étaient actionnés par la famille Kadhafi », explique Mathieu Guidère, chercheur et auteur du livre « le Choc des révolutions arabes », aux Éditions Autrement, 2011. « Les enfants Kadhafi avaient fini par être aux commandes dans tous les secteurs de l'économie, comme le pétrole, les infrastructures, les télécommunications, les médias ou l'armement. On ne pouvait rien construire, pas acheter un commerce ou signer un gros contrat sans traiter directement ou indirectement avec le régime, qui récupérait des sommes colossales d'argent », décrypte le spécialiste.

Mais la remise en route de l'économie dépend aussi du rétablissement imminent de la sécurité. Le président américain Barack Obama ou la patronne de la diplomatie européenne Catherine Ashton ont invité le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des insurgés, « à agir avec le sens de la responsabilité » pour éviter les représailles. La question libyenne sera d'ailleurs l'objet dans la semaine d'un sommet de l'ONU, pour « aider à la transition démocratique » dans le pays.

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