La Tunisie, première économie touchée par la guerre libyenne

Déjà impactée par sa propre révolution, la croissance tunisienne pourrait perdre 0,4 point de pourcentage à cause de la crise libyenne.
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Tourisme, investissements étrangers, flux financiers, envoie de fonds des migrants, commerce dans les zones frontalières... L'économie tunisienne, très liée à celle de son voisin libyen, a aussi subi les conséquences de la guerre civile qui sévissait depuis six mois à l'est de ses frontières. Selon une étude de la Banque africaine de développement (BAD), l'impact de la guerre sur la croissance tunisienne pourrait coûter 0,4 point de pourcentage. La BAD estime d'ailleurs que le PIB tunisien n'augmentera que de 0,7 % en 2011.

Les échanges commerciaux entre les deux pays ont été sérieusement affectés. L'importation de produits libyens, notamment le pétrole, a chuté de 94 % au premier trimestre 2011. Et les exportations tunisiennes en direction de la Libye sont passées de 247 millions de tonnes au premier trimestre 2010 à 163 millions de tonnes au premier trimestre 2011, soit une perte de 34 %. Des projets d'envergure ont été abandonnés à cause de la crise, comme la création d'un holding bancaire tuniso-libyen par la fusion entre la Banque tuniso-libyenne (BTL) et The National Arab Investment Bank (NAIB).

Impact difficile à chiffrer

L'impact de la crise sur le tourisme, difficile à chiffrer, est conséquent. « Les habitants vivant des revenus générés par le commerce informel avec la Libye ont été impactés, tout comme les ménages qui ont perdu les fonds envoyés par les Tunisiens qui travaillaient en Libye », précise le rapport.

Au-delà de l'impact économique, l'afflux de migrants libyens est difficile à gérer pour la Tunisie. De janvier à fin juillet, les douanes ont enregistré 764.639 entrées de Libyens sur le territoire tunisien, provoquant un renchérissement des prix alimentaires de base dans les villes frontalières, comme la farine, le riz ou les bouteilles d'eau.

Mais cette migration massive n'a pas eu que des conséquences négatives. La forte augmentation de la consommation, expliquée par la demande accrue des réfugiés, pourrait compenser en partie les pertes en rapportant 0,1 point de croissance, selon la BAD. La fréquentation des hôtels a bondi dans les villes transfrontalières. À Tataouine, Djerba ou Zarzis, les gérants ont constaté une hausse des nuitées de 50 % par rapport aux autres années à la même période. Le port de la petite ville méditerranéenne de Zarzis, qui servait jusque-là à exporter du sel et du pétrole, a remarquablement tiré profit de la situation, jusqu'à devenir un vrai pôle d'échange entre la Libye et le reste du monde.

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