Medef : un dialogue social plus nécessaire que jamais

Avec Laurence Parisot, le Medef a négocié comme jamais avec les syndicats. Pour son plus grand profit. Aujourd'hui, l'idée de supprimer toute référence à une durée légale du temps de travail fait son chemin.
François Chérèque (CFDT) et Laurence Parisot, deux « sortants » qui ont oeuvré de concert pour le dialogue social.

Le mandat de Laurence Parisot ne doit pas être réduit aux péripéties de ces dernières semaines, quand la présidente a tenté de faire modifier les statuts du Medef afin de garder son fauteuil. La vice-présidente de l'Ifop, élue en 2005 et réélue pour trois ans en 2010, a marqué son époque tant sur des points de détail - l'installation de parterres fleuris dans le hall d'entrée du Medef et l'interdiction de fumer - que, plus sérieusement, sur les affaires sociales, où elle a su faire avancer les idées de son organisation via de nombreux accords.

Dès 2008, un premier accord national interprofessionnel (ANI) sur la modernisation du marché du travail était signé. Une grande victoire pour le patronat, qui a obtenu la création de la « rupture conventionnelle du contrat de travail », ce troisième type de « séparation » (après la démission et le licenciement) entre un salarié et une entreprise. Son succès a été foudroyant, puisque plus de 1 million de ces ruptures ont été conclues, du fait de la souplesse du dispositif.

L'accord clé sur la flexisécurité

Mais l'apothéose pour la présidente du Medef est survenue le 11 janvier de cette année, lorsque son organisation a finalisé avec la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC un accord interprofessionnel posant les jalons d'une flexisécurité à la française.

Ces avancées patronales s'expliquent aussi par les bonnes relations entre Laurence Parisot, François Chérèque (CFDT) et Jean-Claude Mailly (FO) - que la présidente apprécie particulièrement. En revanche, avec Bernard Thibault (CGT), il n'y a jamais eu d'atomes crochus. Sans conteste, la présidente du Medef a joué le jeu du dialogue social, largement au profit de l'organisation patronale, malgré quelques concessions comme la taxation de certains contrats précaires. Elle a même demandé que ce dialogue soit inscrit dans la Constitution, afin de laisser aux partenaires sociaux « une autonomie normative ».

Le successeur de Laurence Parisot va néanmoins trouver sur son bureau, en juillet, de sacrés dossiers à régler qui risquent de mettre à mal les relations entre le patronat et les syndicats, lesquels viennent eux aussi de changer de tête (Laurent Berger à la CFDT et Thierry Lepaon à la CGT). Parmi les dossiers cruciaux, la concertation sur la réforme des retraites, la formation professionnelle, mais surtout la convention d'assurance-chômage, qui doit être renégociée pour la fin de l'année. L'Unedic accusera fin 2013 une dette cumulée de 18,6 milliards d'euros. Des coupes drastiques vont devoir être décidées.

À l'actif de la présidente du Medef figure aussi l'incessante lutte contre la référence aux 35 heures légales de travail. Laurence Parisot a repris le flambeau de Denis Kessler, ancien vice-président délégué du Medef, qui avait le premier théorisé la fin de toute durée légale. Pour lui, chaque profession, voire chaque entreprise, devait pouvoir fixer par la négociation sa durée du travail, comme au Royaume-Uni.
Le sujet, qui revient avec la crise de l'emploi, sera probablement à nouveau sur le dessus de la pile des priorités du prochain président du Medef.

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