Budget 2018 : comment rendre la transition écologique accessible aux plus précaires

Retour de la prime à la casse, aides aux travaux de rénovation énergétique…le budget 2018 du ministère de la Transition écologique et solidaire s’efforce d’épargner le budget des plus modestes. Il ré-équilibre aussi le soutien aux énergies renouvelables qui pèsera moins sur EDF et ses clients, et plus sur les distributeurs et consommateurs d’énergies fossiles.
Dominique Pialot
Transition écologique et solidaire : un budget en hausse de 4%

Il y a au moins un point sur lequel Nicolas Hulot - qui doit par ailleurs composer avec le ministère de l'Agriculture et avec les énergéticiens - peut se réjouir. Son ministère (désormais baptisé de la Transition écologique et solidaire) voit son budget passer de 9,9 milliards d'euros en 2017 à 10,4 milliards pour 2018, soit une hausse de 3,9%. En revanche, ses effectifs seront dans le même temps réduits de près de 1.300 personnes.

Quant à son bras armé, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), elle ne sera plus financée comme par le passé par une partie du produit de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes), mais ré-intégrée au budget de l'Etat. Ses crédits de paiement pour 2018 sont accrus de 36% à 613 millions d'euros, afin de lui éviter les situations de trésorerie délicates qu'elle a pu connaître les dernières années. Cela lui permettra par ailleurs de créer un fonds « air-mobilité » doté de 20 à 25 millions de crédits. En revanche, ses autorisations d'engagements sont revues à la baisse, et l'agence devra contribuer à l'effort budgétaire par une économie de 50 millions d'euros en 2018.

L'Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), qui demandait un accroissement de ses ressources à l'aube d'une année où elle va devoir rendre des avis sur la prolongation des réacteurs nucléaires, ne bénéficiera d'aucune rallonge.

Les énergies renouvelables financées plus largement par les énergies fossiles

Les principales nouveautés de ce budget avaient déjà été annoncées par le ministre lui-même, notamment dans son plan climat présenté début juillet et qui vise d'ici à 2022 à diviser par deux le nombre de « passoires thermiques », remplacer 500.000 véhicules polluants, développer les transports durables et augmenter de 70 % la production des énergies renouvelables conformément à la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

Une hausse accélérée de la taxe carbone instaurée par la loi de transition énergétique de 2015 la fait passer de 30,50 euros la tonne de CO2 en 2017 à 44,6 euros en 2018 et 86,20 en 2022, contribuant à alourdir la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Dans le même temps, la fiscalité appliquée au diesel se rapprochera de celle appliquée par l'essence. Les prix à la pompe augmenteront donc en 2018 de 3,9 centimes par litre pour l'essence et 7,6 centimes par litre pour le gazole.

Le produit de cette taxe entrera dans une part croissante du financement des énergies renouvelables, qui atteindra en 2018, 5,5 milliards d'euros contre 5,7 milliards en 2017 (et 6,5 milliards prévus en 2020), un plateau qui s'explique notamment par la baisse des coûts de ces énergies vertes, très nette au vu des résultats des derniers appels d'offres. Par ailleurs, conformément au calendrier qui s'échelonne jusqu'en 2020, l'Etat remboursera 1,6 milliard d'euros à EDF sur une dette (constituée par les coûts de rachat des énergies renouvelables) qui s'élève au total à 4,6 milliards. Le financement des énergies renouvelables via la CSPE (contribution au service public de l'électricité) restera plafonné à 22,5 euros par mégawattheure afin de ne pas pénaliser plus fortement les consommateurs d'électricité que ceux d'énergies fossiles.

100 millions pour les conversions des véhicules anciens

Au rang des dépenses, le ministère a également prévu une enveloppe de 100 millions d'euros pour la prime à la conversion des véhicules anciens, correspondant à quelque 100.000 véhicules sortis du parc. Cette mesure entre dans un dispositif de bonus/malus revisité : les véhicules à essence les plus anciens entrent désormais dans le périmètre de la prime, et celle-ci s'adresse à tous les Français sans condition de ressources, avec un doublement pour les ménages non imposables. Le seuil de déclenchement du malus est abaissé de 127 grammes de CO2/kilomètre à 120 grammes.

Concernant l'habitat et les économies d'énergies, autre axe majeur du Plan climat présenté début juillet par Nicolas Hulot, le chèque énergie testé dans 4 départements sera généralisé aux 4 millions de ménages en situation de précarité énergétique. En revanche la transformation en prime du crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), annoncée pour 2018 afin de réduire le délai entre les dépenses et le remboursement des frais engagés, est reportée à 2019. Il n'a pas encore été décidé si elle serait destinée à tous ou réservée aux plus précaires. En revanche, ce qui est certain, c'est que la fête est finie pour les fabricants de portes, fenêtres et autres volets isolants. Selon les calculs du ministère, le coût du crédit d'impôt pour les volets reviendrait à 1.350 euro par MW économisé, contre seulement 300 euros pour les autres mesures telles que l'isolation des combles ou le changement de chaudière. Ce sont elles désormais qui seront éligibles au crédit d'impôt puis à la prime. Et pour éviter l'inflation sur le prix des équipements, qui accompagne systématiquement ce genre de mesures, une réflexion est en cours pour calculer le montant de l'aide en fonction de l'efficacité de la démarche et non pas de son coût. Les diagnostics de performances énergétiques et le raccordement aux réseaux de chaleur pourraient également devenir éligibles.

Dominique Pialot
Commentaires 14
à écrit le 03/10/2017 à 10:29
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A l'opposé les plus précaires vont devoir faire face au surcoût des carburants et au surcoût de l'électricité. Pas sûr que leur pouvoir d'achat progresse!

à écrit le 29/09/2017 à 16:45
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Les points Rénovation Info Service sont à consulter impérativement et font des montages financiers pour les particuliers en situation précaire, c'est très bien fait et leur permet d'avoir la prise en charge de leurs travaux. Par ailleurs des sociétés...

à écrit le 28/09/2017 à 11:58
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Eh oui, nos anciens amis du quinquennat precedent avaient deja pense a faire dépenser de l'argent a ceux qui n'en ont pas pour réduire les emissions polluantes. On a vu les limites de l'exercice. Mr Hulot doit decider si il fait d'abord du social ou...

à écrit le 28/09/2017 à 10:03
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La question se pose en effet, puisqu'il aura de plus en plus de gens précarisés!

à écrit le 28/09/2017 à 9:42
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Tout cela semble être du bon sens, ceci dit on est encore loin de la transition annoncée, tout juste une entrée en matière. Pour prétexte les budgets sont limités, cela oblige à des numéros d’équilibrisme et ne risque pas de s’améliorer faute de croi...

à écrit le 28/09/2017 à 9:21
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La valse des mesurettes.. et si l'Etat et les collectivités locales, commençaient en lieu et place de se soucier des privés, d'isoler leurs bâtiments (évidemment, dans un souci d'économie, donc cela devrait pourvoir s'autofinancer.. pas besoin de mi...

le 28/09/2017 à 12:22
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Ce n'est malheureusement pas toujours viable économiquement et parfois les travaux sont tellement importants que cela coûterait moins cher de reconstruire aux nouvelles normes. Aller vers le meilleur rapport qualité/prix est aussi le sens de la res...

à écrit le 28/09/2017 à 9:01
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Comme je l'ai écrit hier il n'est pas sérieux d'envisager que les précaires achètent des véhicules neufs ou même qui ont seulement deux ou trois ans il serait temps d'arrêter les aberrations de ce genre, que ceux qui ont cette idée fixe descendent da...

à écrit le 28/09/2017 à 7:47
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La priorité absolue est d'appliquer la note n°6 du CAE. Qu'on le rappelle à Hulot.

à écrit le 28/09/2017 à 6:38
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Voitures électriques plus propres...mmm On fait comment pour produire le surcroit d'électricité ? Et la démographie, on en parle quand ? Juste un détail... sans doute ?

à écrit le 27/09/2017 à 21:54
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J'étais hier en Chartres et Châteaudun, les "ventilateurs", pardon les éoliennes étaient à l'arrêt. Quand va-t-on cesser de subventionner ces machins ? C'est comme les champs de panneaux solaires, pourquoi ne sont-ils pas installés sur les toits ?

à écrit le 27/09/2017 à 20:59
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Le gouvernement va supprimer le crédit d’impôt pour l'isolation des fenêtres.Hulot commence bien , pourtant, économiser sur la note de chauffage, c'est important. C'est vrai qu'il faut bien financer la suppression de l'ISF pour les actionnaires.

à écrit le 27/09/2017 à 19:29
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Comment rendre la transition énergétique accessible aux plus précaires ? La faire payer par les moins précaires. CQFD

à écrit le 27/09/2017 à 19:18
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Comment veulent-ils que les précaires vendent leur vieille voiture pour en acheter une neuve ? Déjà rien que les classes moyennes moins ne le peuvent pas. Mais ils vivent où nos dirigeants ? Dans des tours d'ivoire, totalement déconnectés de la r...

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