Budget 2019 : Le Maire va mettre à contribution les entreprises, le Medef très mécontent

Par latribune.fr  |   |  669  mots
Rentrée au pas de charge pour le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire qui, ce lundi matin, a annoncé en plusieurs temps des mesures d'économies aux dépens des entreprises. (Crédits : STOYAN NENOV)
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a égréné, ce lundi 27 août, les mesures d'économies destinées à contenir le déficit public et qui vont mettre à contribution les entreprises : d'abord, sur RTL, le décalage de 10 mois de la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse de charges qui va rapporter plus de 2 milliards ; ensuite, quelques heures plus tard, lors d'un point presse, la hausse du 5e acompte de l'IS qui va rapporter 1,3 milliard d'euros.

[Article publié le 27 août 2018 à 8:47, mis à jour avec mesure sur l'IS et réactions ]

L'entrée en vigueur de l'allègement de charges patronales au niveau du smic qui devait accompagner la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse de charges pérenne sera décalée au 1er octobre 2019, a annoncé lundi le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire.

"En plus de cette transformation du crédit d'impôt (CICE, Ndlr) en allègements de charges, nous avions prévu un allègement supplémentaire de quatre points des cotisations sociales au niveau du smic pour toutes les entreprises dès le 1er janvier 2019", a déclaré Bruno Le Maire sur RTL.

Une mesure qui permettra d'économiser 2 milliards d'euros

"J'ai proposé au président de la République et au Premier ministre que nous reportions cet allègement de quatre points supplémentaire du 1er janvier 2019 au 1er octobre 2019", a-t-il ajouté.

Ce report, décidé dans le cadre du projet de loi de finances pour 2019, et qui concerne les salaires au niveau du SMIC, va permettre "d'économiser plus de 2 milliards d'euros", a assuré M. Le Maire sur RTL.

S'exprimant au lendemain de l'annonce par le Premier ministre des arbitrages pour le budget 2019, marqué notamment par de nouvelles économies dans le champ des prestations sociales., le ministre ajoutait :

"Aucune entreprise n'y perdra mais c'est une question de justice."

"Tout le monde sera mis à contribution pour rétablir les équilibres des finance publiques, les entreprises aussi", a-t-il poursuivi.

Le Medef regrette ce signal négatif du gouvernement

A la veille de son université d'été (qui débute demain mardi 28 et mercredi 29 août), le Medef pouvait difficilement rester sans voix : le nouveau président de l'organisation patronale, Geoffroy Roux de Bézieux, lors d'un point de presse ce lundi, s'est désolé:

"On ne peut que s'en désoler et regretter le signal négatif."

Hausse du taux du 5e acompte de l'IS : encore 1,3 milliard économisé

Autre mesure, annoncée quelques heures plus tard par M. Le Maire lors d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef): la hausse du taux du cinquième acompte de l'impôt sur les sociétés (IS) pour les entreprises réalisant plus de 250 millions d'euros de chiffre d'affaires.

"Il n'y aura pas d'élargissement mais celles qui y sont soumises verront le taux augmenter par rapport aux trois tranches existantes", a expliqué le ministre, disant anticiper un gain de 1,3 milliard d'euros pour les finances publiques.

Les acomptes d'impôt sur les sociétés sont des versements payés par anticipation par les entreprises sur une partie de leur chiffre d'affaires.

"Il s'agit d'avances de trésorerie. Cela ne changera pas le montant final d'impôt sur les sociétés payé par les entreprises", a précisé Bercy.

Pour le Medef, très déçu, Macron ne s'attaque pas aux "vrais problèmes"

"Ça ne fait que résoudre un problème de très court terme pour la trésorerie de l'Etat en 2019 et ça ne résout pas les vrais problèmes structurels de ce pays, 57% de dépense publique sur le PIB" alors que la moyenne européenne est autour de 50%, a estimé Geoffroy Roux de Bézieux.

Un avis partagé par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), qui a dénoncé dans un communiqué le report d'allègement de charges annoncé par Bercy.

C'est "une mauvaise nouvelle pour les entreprises qui devront prendre en compte ce revirement, qui impactera négativement le coût des salaires en 2019", a-t-elle estimé.

En attendant les réactions de la gauche...

Reste à attendre les réactions notamment de la gauche, qui critique régulièrement le gouvernement pour ses choix budgétaires jugés très favorables aux entreprises et pas assez aux salariés ou aux retraités, et donc au pouvoir d'achat.

(Avec AFP et Reuters)