Budget 2020 : “un tournant écologique” en trompe l’oeil

Par Grégoire Normand  |   |  387  mots
Le gouvernement met en avant une hausse de 800 millions d'euros du budget de la transition écologique. A périmètre constant, l'augmentation n'est en réalité que de 120 millions.

"Il y a une augmentation très forte du budget de l'Écologie avec plus de 800 millions d'euros de crédits supplémentaires (+2,6% à 32,2 milliards) [...] En proportion, c'est le ministère qui connaît la plus grande hausse de dépense publique autorisée par le Président. C'est l'écologie qui a le plus de priorité budgétaire", a insisté Gérald Darmanin, lors de la présentation du projet de loi de finances 2020 à la presse avec Bruno Le Maire, au ministère de l'Economie.

Pour aboutir à ce calcul, le responsable des comptes publics a expliqué "qu'il y avait des lignes 'transports' et des lignes 'développement durable' dans le budget sur l'Ecologie. Tous les projets de transport que nous mettons en place sont compatibles avec la transition écologique". A périmètre constant, l'augmentation n'est en réalité que de 120 millions.

Parmi les mesures évoquées, figure la suppression progressive de la niche fiscale sur le gazole non-routier (GNR) qui avait provoqué une levée de boucliers chez les transporteurs routiers il y a un an. Elle devrait rapporter 200 millions d'euros en 2020. Le transport aérien devrait également être mis contribution avec la mise en place d'une taxe de solidarité sur les billets d'avion. Elle devrait permettre de financer des infrastructures de transport à hauteur de 180 millions d'euros l'année prochaine.

Baisse des effectifs

En outre, le livret de la transition écologique distribué par le gouvernement aux journalistes permet de mettre l'accent sur toutes les dépenses en faveur de l'environnement, sans préciser que la taxe carbone était au point mort.

En dépit de ces efforts de communication, plusieurs ONG ont fait part de leur déception en regrettant le manque d'investissement dans la transition énergétique. Selon les experts de l'Institut for climate economics, les investissements publics et privés nécessaires à l'atteinte des objectifs climatiques de la France sont estimés entre 45 et 75 milliards d'euros par an. Or, seulement 31 milliards sont consacrés à cet objectif.

Plusieurs économistes appellent le gouvernement à profiter des taux bas pour mener une grande politique d'investissement à l'image de l'Allemagne qui vient d'annoncer 100 milliards d'ici 2030. Par ailleurs, la hausse du budget s'accompagne d'une baisse des effectifs avec 1.073 équivalents temps plein en moins pour le ministère de la transition écologique et solidaire. Il faudra faire mieux avec moins de personnel.