Budget en hausse pour l'enseignement scolaire avec suppressions de postes

Par latribune.fr  |   |  895  mots
(Crédits : Gonzalo Fuentes)
L'Assemblée nationale a voté dans la nuit de mardi à mercredi en première lecture le budget de la mission "enseignement scolaire" en légère augmentation mais dénoncé par la gauche pour des suppressions de postes dans le secondaire. Elle a également donné son feu vert en première lecture au budget de "la mission de la Recherche et de l'Enseignement supérieur" (MIRES).

La mission "enseignement scolaire" qui rassemble l'ensemble des crédits dédiés à l'enseignement public et privé, y compris ceux de l'enseignement agricole relevant du ministère de l'Agriculture, bénéficie d'un budget de 52,3 milliards d'euros (+ 800 millions). La part du ministère de l'Éducation sur cette mission s'élève à 51,1 milliards (+ 1,6%), selon le chiffre du ministère.

"L'objectif de ce budget est clair : l'élévation générale du niveau scolaire dans notre pays et la justice sociale", a expliqué le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.

Avec ce budget "nous pouvons continuer la transformation profonde du système éducatif avec la priorité à l'école primaire, c'est-à-dire la maîtrise des savoirs fondamentaux, lire écrire compter et respecter autrui", a-t-il ajouté soulignant "la création de 2.325 postes dans le primaire."

"Cela signifie que le nombre d'élèves par classe va diminuer dans le primaire (...) que l'école rurale sera consolidée. Cela va permettre (...) le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et en REP+. Ce seront 300.000 élèves qui bénéficieront de cette mesure", a détaillé le ministre.

Pour le secondaire, le ministre a évoqué "un volume d'enseignement maintenu en 2019": "Il y a 2.650 moyens (postes, ndlr) en moins, mais ils seront compensés par une augmentation du volume des heures supplémentaires", a-t-il expliqué.

De très nombreux enseignants se sont mis en grève et ont manifesté lundi partout en France pour protester contre cette baisse d'effectifs, également critiqué par la gauche à l'Assemblée.

"Vous annoncez la suppression de 3.500 postes en 2019, dans le second degré, les postes administratifs et dans l'enseignement privé sous contrat, qui se traduiront par une dégradation des conditions de travail", a dénoncé Régis Juanico (app-PS) pour qui "le second degré paye pour le premier".

Le PS a déposé un amendement réclamant l'annulation de la suppression des 2.650 postes du secondaire qui a été rejeté.

"Vous annoncez des suppressions de postes alors même que les effectifs d'élèves atteignent des taux record", a abondé Elsa Faucillon (PCF), accusant le ministre "d'aggraver la précarité en multipliant les heures supplémentaires". "La charge de travail des enseignants ne pourra pas éternellement augmenter", a-t-elle dit.

"Hier, vous avez réussi à rassembler contre vous sept syndicats de l'Éducation, une première depuis 2011", a lancé au ministre Murielle Ressiguier (LFI) en l'accusant de vouloir "détricoter l'école de la République".

"Vous développez une philosophie de l'Éducation compétitive et libérale avec en ligne de mire l'employabilité pour former non pas des citoyens émancipés, mais des salariés destinés à servir votre startup nation", a-t-elle ajouté.

À l'opposé, Frédéric Reiss (LR), satisfait par la hausse du budget et la priorité au primaire, a regretté que l'accent n'ait pas été mis sur le développement des parcours mixtes et de l'apprentissage. "Développer la voie professionnelle et l'alternance pour créer de vraie filière d'excellence est indispensable", a-t-il dit.

Feu vert de l'Assemblée au budget de la Recherche

L'Assemblée nationale a donné son feu vert en première lecture au budget de "la mission de la Recherche et de l'Enseignement supérieur" (MIRES), en intégrant des fonds supplémentaires pour la recherche contre les cancers des enfants.

"On n'a jamais autant investi dans notre avenir qu'en ce moment", s'est félicité Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'innovation.

"Notre budget a vu ses crédits augmentés de 5,3% en deux ans soit 1,3 milliard d'euros et l'objectif affiché dans la loi de programmation de dépasser les 28 milliards d'euros à l'horizon 2020 est pour l'heure respecté", a-t-elle indiqué.

"L'année prochaine, le budget atteindra près de 25,1 milliards d'euros, soit 549 millions de plus qu'en 2018", a précisé la ministre qui a rappelé les priorités de son action :

"Poursuivre la réforme du premier cycle et l'approfondissement de l'autonomie des universités", "soutenir la recherche fondamentale, la mobilisation des forces scientifiques pour répondre aux grands défis sociétaux et renforcer les partenariats entre universités et organismes de recherche", a-t-elle détaillé.

L'Assemblée a voté après un long débat un amendement du gouvernement octroyant 5 millions d'euros supplémentaires en 2019 pour mobiliser et coordonner les meilleures équipes de chercheurs intervenant dans différents domaines scientifiques autour des cancers pédiatriques.

"Passons un message aux enfants et à leurs familles pour leur dire que nous sommes à pied d'oeuvre et qu'ils peuvent compter sur nous", a plaidé Frédérique Vidal expliquant que cette somme s'ajoutera à 8 millions déjà fléchés sur cette cause et qu'elle sera reconduite chaque année.

D'autres amendements ont été déposés proposant jusqu'à 20 millions d'euros pour la même cause, sans être adoptés.

"C'est un sujet qui nous réunit tous", avait expliqué Eric Woerth, président de la commission des finances qui défendait une enveloppe de 18 millions. "Cela fait trop longtemps que la recherche a marqué le pas et c'est insupportable", avait-il dit.

"On a consacré 20 millions d'euros au plan chorale de M. Blanquer. Je fais le choix des enfants qui souffrent", a défendu Olivier Faure (PS), Pierre Dharréville (PCF) expliquant qu'avec 500 enfants décédés du cancer en France chaque année, on était "face à l'inacceptable".