Carburants : face aux blocages, le gouvernement dément tout risque de pénurie

Par latribune.fr  |   |  962  mots
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a affirmé dimanche qu'il n'y avait "pas de risque de pénurie" de carburant "pour la semaine prochaine" dans les stations françaises, appelant les automobilistes à ne pas céder à la "panique". Manuel Valls hausse le ton et promet le déblocage des dépôts occupés.

- Article actualisé Dimanche 22 mai à 20h00

Deux dépôts de carburant de Dunkerque (Nord) ont été repris aux manifestants par des CRS dimanche matin, a-t-on appris de sources concordantes, tandis que les salariés d'un troisième étaient toujours en grève et que le blocage d'un quatrième dépôt persistait près de Valenciennes. Tôt dimanche, plusieurs dizaines de CRS ont délogé de deux dépôts les manifestants qui les bloquaient depuis jeudi matin, sans rencontrer de résistance, a rapporté la préfecture du Nord à l'AFP.

"Cela doit permettre aux transporteurs d'affréter des camions, le préfet ayant un pris un arrêté les autorisant à rouler aujourd'hui", a affirmé un porte-parole de la préfecture. Cependant, aucun camion-citerne ne s'y était encore présenté à la mi-journée, a constaté une correspondante de l'AFP.

Les salariés du dépôt de Mardyck, dans la banlieue de Dunkerque, étaient quant à eux toujours en grève. Par ailleurs, à Douchy-les-Mines près de Valenciennes, une trentaine de manifestants bloquaient toujours l'accès au dépôt, notamment à l'aide de pneus. "On ne lâchera pas jusqu'au retrait de la loi El-Kohmri", a prévenu Will Dans, porte-parole du syndicat Sud dans le Valenciennois.

Pour faire face à la pénurie de pétrole, le préfet du Nord avait pris vendredi un arrêté "portant interdiction de vendre, d'acheter, de distribuer ou encore de transporter du carburant dans tout récipient transportable (jerricans, bidons, etc.)".

Dans le Pas-de-Calais, la préfecture avait annoncé vendredi soir "réquisitionner temporairement un nombre limité de stations services afin de ravitailler les services prioritaires" pour "garantir la continuité du service public sur l'ensemble du département".

Sur les 12.000 stations essence que compte le pays, "il y en a à peine 1.500 qui sont impactées en totalité ou en partie, ça fait moins de 20%, certes, concentrées dans certaines régions", a expliqué dimanche matin le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies sur RTL, alors que les syndicats CGT et FO appellent les chauffeurs routiers à continuer de bloquer des raffineries et des dépôts de carburants pour protester contre le projet de loi travail.

Même dans "les agglomérations les plus impactées, il y a encore 60% des stations qui fonctionnent", a insisté M. Vidalies, affirmant que le gouvernement oeuvrait par ailleurs "pour qu'un certain nombre de stocks soient libérés". "Il y a aussi les stocks stratégiques, auxquels nous n'avons pas touché pour l'instant et qui permettent à la France d'avoir plusieurs semaines, de nombreuses semaines de consommation devant elles", a-t-il rappelé.

"La panique est jamais bonne conseillère, c'est d'ailleurs dans les endroits où on a rationné qu'on en a le plus consommé", a également observé le secrétaire d'Etat, alors que la crainte de manquer de carburant s'est traduite par une ruée vers les pompes dans plusieurs villes de l'Ouest de la France.

Alain Vidalies s'est par ailleurs dit "surpris" de l'appel de la CGT et de FO à ne pas cesser les actions de blocage, malgré la garantie qu'il leur a apportée samedi que le projet de loi travail ne modifierait pas leur régime dérogatoire sur les heures supplémentaires. "Je suis très surpris d'entendre ce message. (...) S'il n'y avait pas une reprise du travail, cela dénaturerait a posteriori la réalité de ce mouvement, ça voudrait dire que ce n'était pas cette question là (celle des heures supplémentaires, NDLR) qui était majeure pour ceux qui appelaient à la grève mais autres préoccupations", a-t-il déclaré.

Manuel Valls se dit "déterminé"

Manuel Valls s'est dit dimanche "très déterminé à ce qu'il n'y ait aucune pénurie en France", alors que la CGT et FO ont appelé les chauffeurs routiers à bloquer les raffineries et dépôts de carburants pour protester contre le projet de loi travail. "Nous maîtrisons pleinement la situation, je pense qu'un certain nombre de raffineries ou de dépôts qui étaient bloqués sont débloqués ou vont l'être dans les heures ou dans les jours qui viennent. Nous sommes très déterminés à ce qu'il n'y ait aucune pénurie en France", a déclaré le Premier ministre à des journalistes, en marge d'une visite à des start-up françaises à Tel Aviv, vers 11H30 heure de Paris.

"Moi, je demande à chacun de ne pas être dans cette position alarmiste qui vise au fond à faire peur (...) Moi, j'en appelle à la responsabilité de tous", a-t-il poursuivi. "J'ai été très étonné aussi d'un certain nombre de messages, notamment de la CGT et Force ouvrière, alors même que nous avons apporté des garanties encore ces dernières heures et jours sur le paiement des heures supplémentaires. Il n'y a aucune raison aujourd'hui de bloquer des dépôts ou des raffineries et de gêner nos compatriotes.

"Chacun peut être pleinement conscient de la détermination du gouvernement français à ce qu'il n'y ait aucune pénurie. Nous avons les réserves de toute façon pour faire face à ces blocages et je veux dire encore une fois notre détermination à mener les réformes et je veux dire à tout le monde que la loi sur le travail, bonne pour les entreprises et pour les salariés, va suivre son cours au Parlement et sera adoptée définitivement  en juillet. Personne ne peut en douter un seul instant", a-t-il affirmé.

"Nous allons continuer à évacuer un certain nombre de sites et notamment les dépôts", a-t-il promis dans une interview sur BFMTV et la chaîne israélienne i24 News. "Ce mouvement n'a pas lieu d'être", a-t-il expliqué, affirmant sa "détermination à faire lever ces barrages".

(AFP)