Coronavirus : un premier Français est mort à Paris, le point sur les mesures prises par l'État français

Par Paul Ricard, AFP  |   |  1141  mots
(Crédits : Regis Duvignau)
"Le 17e cas confirmé (en France) est un homme de 60 ans, français, qui a été testé en urgence hier à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans un état gravissime et qui est malheureusement décédé dans la nuit", a annoncé le numéro deux du ministère, Jérôme Salomon, lors d'une conférence de presse. Le point sur le nombre de cas de contaminations par le Covid-19 en France ce mercredi 26 février.

[Article publié le 26.02.2020 à 11:49 mis à jour à 15:00 avec précisions et citations (Olivier Véran, médecins)...]

Un premier Français, un enseignant de 60 ans qui n'avait pas voyagé dans une zone à risque, est mort après avoir été infecté par le nouveau coronavirus, dans la nuit de mardi à mercredi à Paris. En outre, la découverte de nouveaux cas s'accélère en France, avec 5 recensés depuis mardi.

Le bilan actuel en France

Pour l'heure, le bilan de la maladie Covid-19 en France est de 2 morts (le Français de 60 ans et 1 touriste chinois de 80 ans), 11 guérisons et 4 malades toujours hospitalisés, soit 17 cas au total.

Outre le sexagénaire décédé, deux nouveaux cas ont été confirmés mercredi, en plus des deux déjà annoncés mardi soir. Aucun cas n'avait été repéré en France depuis le 15 février, mais entretemps, la maladie a gagné l'Italie, pays frontalier qui est aussi celui d'Europe le plus touché.

"Le 17e cas confirmé (en France) est un homme de 60 ans, français, qui a été testé en urgence hier à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans un état gravissime et qui est malheureusement décédé dans la nuit", a annoncé le numéro deux du ministère, Jérôme Salomon, lors d'une conférence de presse.

Enquête pour savoir comment a été infecté le patient décédé et qui il a pu contaminer

Le ministère de l'Education nationale a ensuite indiqué qu'il s'agissait d'un enseignant d'un collège de Crépy-en-Valois dans l'Oise. Cet établissement fait partie des zones académiques en vacances scolaires depuis le 14 février au soir et reprendra les cours lundi.

L'enseignant décédé n'avait pas séjourné dans une "zone d'exposition à risque", a déclaré de son côté le directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France.

"L'enquête a été lancée en urgence" sur l'endroit où ce patient a pu être infecté et sur son entourage, a-t-il ajouté, en précisant que "tous les détails des investigations en cours" seraient présentés par le ministre Olivier Véran lors d'une conférence de presse en soirée.

Parmi les cas annoncés mercredi figure "un homme français de 55 ans actuellement hospitalisé à Amiens et qui est dans une situation clinique grave (...) en réanimation", a détaillé le Pr Salomon.

L'autre est "un homme français de 36 ans hospitalisé à Strasbourg", qui "ne présente pas de signe de gravité", a-t-il poursuivi, en indiquant que ce patient revenait de Lombardie, l'une des régions italiennes touchées par la maladie.

Les deux cas annoncés mardi soir étaient une Chinoise revenue de Chine le 7 février, hospitalisée à Paris sans "aucun signe clinique de gravité", et un "homme d'une soixantaine d'années hospitalisé en Auvergne-Rhône-Alpes après des séjours répétés en Lombardie", pour qui il n'y a pas non plus de signe de gravité, a rappelé Jérôme Salomon. Il avait dit la veille que la jeune femme était revenue de Chine le 7 février et avait été hospitalisée pour simple "surveillance". Selon lui, elle a été testée négative au nouveau coronavirus et était porteuse de "traces de guérison".

En Côté d'Or, trente touristes ont été placés en confinement par précaution après le décès sans cause certifiée d'un Hongkongais.

Enfin, des enfants d'un "groupe scolaire de Courbevoie de retour d'un voyage en Lombardie" ont également été testés car certains présentaient des symptômes, mais les résultats sont "négatifs".

Inquiétudes autour du match OM-Juventus de ce soir

En outre, la crise en Italie a provoqué des craintes autour du match de foot qui doit opposer mercredi soir l'Olympique lyonnais à la Juventus Turin en 8e de finale de Ligue des champions.

De Marine Le Pen à Ségolène Royal, plusieurs figures de l'opposition ont critiqué l'autorisation donnée aux supporteurs de la Juventus de se rendre à Lyon, autorisation toujours défendue par le gouvernement et la majorité.

"Je crois qu'il n'est pas raisonnable de les accueillir et que nous sommes encore confrontés là à une incohérence de la part du gouvernement", a dénoncé la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen sur France Inter.

À gauche, Ségolène Royal a estimé sur France 2 que cette décision "paraît incohérente" et que "l'opinion ne la comprend pas".

"Aujourd'hui, les experts de veille sanitaire et de santé publique disent qu'il n'est pas nécessaire" d'interdire la venue des supporteurs, a souligné sur BFMTV Gabriel Attal, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale.

"Est-ce que le virus circule activement à Turin ? Non. Est-ce qu'il circule activement dans la région de Turin ? Non", a-t-il argumenté.

"Il n'y a pas lieu d'empêcher ces personnes de se rendre" au match, a répété le ministre de la Santé Olivier Véran, en soulignant qu'il n'y avait pas de malade enregistré dans la région de Turin, qui n'était pas classée comme zone à risques.

Bilan des mesures prises par la France

Mardi soir, à l'issue d'une réunion à Rome avec plusieurs de ses collègues européens, Olivier Véran avait confirmé que la France, tout comme les autres pays voisins de l'Italie, n'entendait pas fermer les frontières, en jugeant qu'il s'agirait d'une mesure disproportionnée.

Mercredi matin, le Pr Salomon a été entendu par la commission des affaires sociales du Sénat pour exposer les mesures prises par la France contre le virus.

Il a indiqué que "plus de 1.000 tests" avaient pour l'heure été réalisés dans le pays, que ce soit sur des cas possibles, des rapatriés de Wuhan, berceau de l'épidémie en Chine, ou sur des personnes qui avaient été en contact avec des malades.

Il a en outre rappelé qu'une "commande urgente" de masques de protection réservés aux professionnels de santé avait été passée.

Selon lui, le numéro vert (0800 130 000) mis en place pour répondre aux questions sur le coronavirus reçoit "beaucoup d'appels", dont "18.000" pour la seule journée d'hier.

De son côté, le Pr Marc Gentilini, de l'Académie de médecine, a mis en garde contre toute panique irraisonnée :

"Les médias en parlent beaucoup (...), c'est une question importante, certes, mais nous avons l'impression qu'on en fait un peu trop", a-t-il dit en marge d'une séance de l'Académie.

Les craintes liées au coronavirus rejaillissent sur plusieurs secteurs, dont le tourisme: les réservations des vacanciers français pour plusieurs pays d'Asie, principalement le Vietnam, la Thaïlande et le Cambodge en plus de la Chine, se sont effondrées, selon les voyagistes.