Emmanuel Macron bienveillant avec la "droite progressiste" d'Alain Juppé

Par latribune.fr  |   |  622  mots
Emmanuel Macron arrive devant Hollande dans les sondages, mais n'est pas encore en position de pouvoir remporter le second tour de l'élection présidentielle.
L'ancien ministre de l'Economie reconnait des convergences avec Alain Juppé qu'il distingue de la droite "identitaire et conservatrice" de Nicolas Sarkozy. Il étrille également le bilan de François Hollande, et de son mauvais usage de la fonction présidentielle.

L'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron fait un appel du pied à Alain Juppé, favori des sondages pour la primaire de la droite pour l'élection présidentielle de 2017, dans une interview publiée dimanche par l'hebdomadaire Challenges sur son site internet.

L'ancien protégé de François Hollande, qui a quitté le gouvernement fin août pour se consacrer à son mouvement "En Marche !" dans la perspective de cette échéance, s'éloigne en revanche un peu plus du chef de l'Etat.

Emmanuel Macron, qui se donne jusqu'à la fin de l'année pour dire s'il sera lui-même candidat, expose longuement sa vision de la fonction présidentielle et de la société française.

"Convergences" avec Alain Juppé

Il ne reprend pas à son compte le concept d'"identité heureuse" cher au maire de Bordeaux, parce que "trop statique" et "trop loin de la réalité" à ses yeux. "Il n'en est pas moins vrai que j'ai avec Alain Juppé des convergences sur ce que peut et doit être la vie en société", ajoute cependant l'ex-banquier, qui a conseillé deux ans durant François Hollande à l'Elysée avant d'être nommé à Bercy.

Contrairement au chef de l'Etat, qui refuse de distinguer Alain Juppé de son principal rival, Nicolas Sarkozy, et veut considérer la droite comme un seul bloc, Emmanuel Macron défend la vision d'une droite au moins aussi éclatée que la gauche, à laquelle il dit toujours appartenir.

Entre la droite "identitaire et très conservatrice" qui serait celle de l'ex-président et la droite "orléaniste, libérale, sociale, ouverte à l'Europe" plutôt incarnée par le maire de Bordeaux, "la fracture est béante", dit-il.

Juppé la droite "progressiste", selon Macron

"Il y a face à face une droite du repli et une droite de l'ouverture (...), une droite que j'appellerais progressiste", va même jusqu'à dire l'ex-ministre de l'Economie.

Emmanuel Macron tacle en revanche sévèrement l'actuel chef de l'Etat, dont il rejette le concept de "président normal", critique la façon de gouverner, et avec qui il admet avoir eu des "désaccords" dès l'époque où il n'était que son conseiller.

"Les Français attendaient (...) un projet collectif fondé sur une idéologie claire et cela n'est jamais venu", dit-il. "Par manque de clarification idéologique, François Hollande a dès le premier jour commencé à cohabiter avec son propre camp."

"L'obsession de l'actualité" de François Hollande

"Je ne crois pas au président 'normal'. Les Français n'attendent pas cela", ajoute l'ex-ministre, pour qui le chef de l'Etat "doit conduire la société à force de convictions, d'actions, et donner un sens clair à sa démarche."

Emmanuel Macron reproche aussi au président de se prêter trop complaisamment aux jeux de la "sphère politico-médiatique" et de céder à l'obsession de l'actualité.

"Une présidence de l'anecdote, de l'événement et de la réaction banalise la fonction" et nuit à son efficacité, dit-il. Il prône pour sa part une présidence "de type gaullo-mitterrandien", réconciliée avec le temps long et dont "l'autorité n'a pas besoin d'être démontrée".

Macron disqualifie Hollande pour la présidentielle

Aujourd'hui, estime-t-il, alors qu'un nouveau livre basé sur des confidences de François Hollande à des journalistes a provoqué la stupéfaction jusque dans le camp du chef de l'Etat, "les Français estiment que la fonction présidentielle n'est plus pleinement exercée. Et pour cause ..."

Si les sondages placent aujourd'hui Emmanuel Macron devant François Hollande dans les intentions de vote au premier tour de la présidentielle si les deux sont candidats, tous prédisent aussi à ce jour qu'il ne se qualifierait pas pour le second.

(Avec Reuters)