Emploi : les Français plutôt optimistes face au changement technologique

Par latribune.fr  |   |  835  mots
Pour 81% des Français, le niveau de qualification demandé dans vingt ans sera supérieur à celui d'aujourd'hui. (Crédits : Amir Cohen)
Dans un sondage OpinionWay pour Le Printemps de l’économie publié le 17 mars, un panel représentatif de la société française a été appelé à se prononcer sur le futur du travail. Si 91% des interrogés pensent que leur métier existera toujours dans vingt ans, près de 60% considèrent que les nouvelles technologies viendront bouleverser la majorité des métiers.

C'est un tableau contrasté des anticipations des Français sur le futur de l'emploi que dresse l'enquête Opinionway pour Le Printemps de l'Economie. D'un côté, ils sont très majoritairement d'accord (91%) avec l'idée que leur poste existera toujours dans vingt ans, ce qui est plutôt en ligne avec les anticipations des économistes, et constitue la preuve d'un certain optimisme. Mais ils sont aussi nombreux à penser (63%) que leur emploi aura évolué dans l'intervalle.

Le changement technologique, premier facteur de transformation du travail

La plus importante cause qui explique cette évolution est indéniablement le changement technologique. Il est cité en priorité par 57% des sondés, que cela soit sous l'angle du numérique, ou des biotechnologies. Il dépasse ainsi largement les autres facteurs d'explication, comme le vieillissement (15%) ou la mondialisation (11%), dont on aurait pu penser qu'ils récolteraient plus d'attention.

Sur ce sujet, la perception des Français apparaît d'ailleurs très proche des récents travaux d'économistes. A une conférence récente du Printemps de l'Economie, Sandrine Cazes, économiste senior à l'OCDE sur les questions de marché de l'emploi, le confirmait : "on voit bien que l'ensemble de ces faisceaux, changement technologique, vieillissement et mondialisation, vont avoir des effets majeurs sur le marché de l'emploi et la qualité de l'emploi dans les années qui viennent."

Cette perception se répercute logiquement sur le contenu des changements que les Français anticipent pour leur poste. L'automatisation est largement considérée comme une évolution probable, dont 29% des sondés vont jusqu'à penser qu'elle concernera la majorité de leurs tâches. De plus, 81% des sondés s'attendent à ce que la pénibilité de leurs tâches aille en se réduisant.

De plus, la manière même dont le travail sera organisé devrait changer. Pour 78% des interrogés, le télétravail devrait prendre de l'ampleur. En revanche, il est difficile de prédire si cela se traduira par une plus grande autonomie, les avis étant partagés sur la question (52% pour, 48% contre). Conséquence de cette économie de la connaissance qui se dessine, 81% pensent qu'il faudra augmenter son niveau de qualification dans le futur. Cela devrait être nécessaire pour faire face aux changements technologiques, dont 59% des sondés considèrent qu'ils affecteront plus de la moitié des métiers d'ici vingt ans.

Ces changements technologiques ne riment cependant pas avec la fin du travail, pour la majorité des interrogés. Que ce soit le temps de travail hebdomadaire ou la durée du travail dans la vie d'un individu, plus de sondés pensent que nous travaillerons plus (32% dans chaque cas) que l'inverse (20% et 23% respectivement). Même si l'option la plus probable à leurs yeux est celle où le temps de travail resterait au même niveau (46%).

47% des Français pensent que l'égalité femme-homme ne sera jamais atteinte

Le travail devrait également connaître des évolutions sur des thématiques de société, pour une majorité de sondés. La question de l'égalité femme-homme face au travail et à la rémunération est particulièrement pressante, mais seuls 50% des interrogés pensent que l'écart pourra un jour être résorbé. Une telle égalisation ne se produirait que d'ici 19 ans, selon la moyenne des avis.

Sur une note plus positive, on relèvera cependant que le sexe ne devrait plus constituer le facteur principal d'inégalité salariale, selon les réponses. Alors que 48% des sondés l'identifient comme un des principaux facteurs d'inégalité aujourd'hui (soit le premier résultat), ils ne sont plus que 27% à estimer que cela sera encore le cas dans vingt ans. Il serait alors dépassé par le niveau de qualification, dont l'influence dans le niveau de salaire devrait progresser selon les sondés (de 42% aujourd'hui à 44% dans vingt ans).

La stabilité de l'emploi, un statut de plus en plus inaccessible ?

 Enfin, l'enquête révèle une évolution des attentes des Français face au travail. Ils déclarent qu'ils donneront plus d'importance au salaire (45%) et aux conditions de travail (44%), alors que d'autres critères comme la sécurité de l'emploi (24%), le temps de travail et la possibilité de s'épanouir (22% chaque) passent relativement au second plan. L'emploi stable, quant à lui, apparaît de plus en plus comme un statut difficile à obtenir, et non plus la norme du travail. 63% des sondés pensent qu'il sera plus difficilement accessible, contre 28% qui pensent que le statu quo devrait l'emporter.

A l'inverse, les emplois liés aux plateformes de service devraient connaître un essor d'ici les vingt prochaines années, selon 65% des sondés. Ce qui vient compléter le tableau d'un monde du travail plus fragmenté, sous l'effet des changements technologiques. Des prévisions finalement assez proches de celles formulées par les économistes et experts de l'emploi, tout en restant prudentes. Reste à savoir si ces estimations tempérées se retrouveront dans les années à venir, ou si le scénario de bouleversements beaucoup plus profonds sera celui qui se matérialisera.