Gattaz : il faut accélérer les réformes !

Par latribune.fr  |   |  664  mots
Pierre Gattaz, ce mercredi à l'ouverture de l'Université d'été du Medef
"Le sac à dos des entreprises françaises est encore beaucoup trop lourd" estime le patron des patrons, dénonçant des charges encore excessives, malgré la mise en œuvre du pacte de responsabilité. Il faut aller "beaucoup plus loin sur le social, le fiscal et les dépenses publiques".

La  France était "en période d'accalmie" mais, des nuages s'accumulent du côté de l'Asie, faisant planer une menace pour la croissance française. A l'occasion de l'ouverture de l'Université d'été du Medef, le patron des patrons, Pierre Gattaz, a fait part de son inquiétude. Tout en appelant à l'action.  "Après les Trente Glorieuses que nous avons connues, nous avons connu les Trente Piteuses", a déclaré M. Gattaz. "Il s'agit aujourd'hui de construire les Trente audacieuses", a-t-il ajouté, s'adressant aux jeunes et soulignant que c'était "eux qui (allaient) construire ces années".

Pierre Gattaz part d'un constat assez peu optimiste. Quand il décrit la situation française, il  évoque

"une compétitivité qui reste extrêmement dégradée avec un niveau de charges sur les entreprises qui est le plus élevé d'Europe et qui situe le coût de la main d'œuvre dans notre pays à 35,6 euros de l'heure contre 32,9 en Allemagne et 30 dans la zone euro. Idem pour nos marges qui restent très en-dessous de nos principaux compétiteurs partout dans le monde.

Certes, il y la le pacte de responsabilité, qui prévoit 41 milliards d'euros de baisse des charges, soit 2% du PIB.... Pierre Gattaz ne peut que se féliciter de sa non remise en cause annoncée par Manuel Valls, alors que le PS voulait l'écorner, au profit d'allègements fiscaux en faveur des ménages.

mais si cet effort et nécessaire il n'est pas suffisant : avec un différentiel de charges de 135 milliards avec l'Allemagne et des marges qui sont à peine remontée à 30% contre 40% pour les entreprises allemandes, le sac à dos des entreprises françaises est encore beaucoup trop lourd. Il faut donc accélérer et amplifier ce mouvement de baisses de charges dans les mois à venir pour retrouver un niveau équivalent à nos principaux compétiteurs d'ici 2020.

Il faut donc aller plus loin, estime le patron des patrons. Mais comment financer des allègements de charges supplémentaires? En baissant la dépense publique!

C'est la mère des Réformes. Celle qui permettra de mettre en œuvre les quatre autres (baisse des charges, réforme du contrat de travail, simplification, réforme fiscale)  avec efficacité. L'optimisation de la sphère publique et la diminution des dépenses qui va en découler doit être une priorité absolue de tous les gouvernements à venir ! Tous les rapports existent, toutes les solutions, tous les benchmark ! ce n'est aujourd'hui qu'une question de volonté et de courage ! Je propose que nous nous donnions l'objectif collectif de les ramener à 50 % du PIB en 2020.

Bien sûr, Pierre Gattaz n'oublie pas de rappeler la nécessaire réforme du marché du travail. Notre marché du travail est

 trop complexe et trop rigide, que ce soit dans ses conditions d'embauche ou de séparation, et dans la fixation de la durée du travail. Un code du travail de 3500 pages est une hérésie mortifère pour notre économie.

A cet égard, le président du Medef se félicite de l'évolution des esprits quant à la simplification du droit social, qui pourrait donner plus de poids à la négociation d'entreprise. Il faut

simplifier notre code du travail et favoriser l'accord d'entreprise ou de branche par l'inversion de la hiérarchie des normes (...). Je suis d'ailleurs heureux de constater qu'un certain consensus est en train d'apparaitre parmi les responsables politiques ainsi que d'éminents juristes, de droite comme de gauche, autour de cette nécessaire évolution de notre modèle social vers un modèle économique et social adapté aux nouvelles contraintes du monde d'aujourd'hui.

Bref, pour Pierre Gattaz

"Il faut absolument continuer toutes les réformes structurelles. On demande au gouvernement de continuer car ce début de croissance peut s'atténuer. On voit bien, la crise chinoise, la crise asiatique. Certains pensent que ça peut être durable" a-t-il souligné, appelant à aller "beaucoup plus loin sur le social, le fiscal et les dépenses publiques".