Après trois confinements, les Français sont de plus en plus nombreux à partir vivre « au vert ». En particulier, cette volonté de se rapprocher de la nature est très prononcée chez les Franciliens : 29% d'entre eux ont l'intention de déménager en 2021, selon un sondage réalisé par OpinionWay pour L'Officiel du déménagement. Et grâce à la nouvelle flexibilité apportée pendant la crise sanitaire, ils espèrent conserver une vie hybride mêlant le télétravail et quelques jours seulement en présentiel au bureau. De fait, selon une étude publiée par L'Observatoire Cetelem en février 2021, 48% des actifs veulent que leur employeur leur permette de conserver 2 à 3 jours de télétravail par semaine.
Une fois partis et installés hors des grandes villes, dans des logements plus spacieux et plus ruraux, reste à trouver des solutions pour se loger quand ils reviennent au bureau. Un nouveau marché du logement "temporaire" pour jeune cadre que de nombreux acteurs de l'immobilier tentent de capter : Weekaway, Airbnb, Accor Hotels : ces professionnels de l'hébergement touristique ou d'affaires ont adapté leur offre pour accueillir ces néo-travailleurs « hybrides ».
Concilier vie professionnelle et vie privée
Du côté des étudiants, 44% d'entre eux souhaitent télétravailler au moins 2 jours par semaine dans leur futur emploi, selon le baromètre « Talents : ce qu'ils attendant de leur emploi », réalisé par Ipsos en mars 2021 auprès de 1.349 étudiants en « grande école ». Pour accompagner leur volonté de concilier vie professionnelle et vie privée, 1 jeune de moins de 35 ans sur 2 souhaite aussi déménager en 2021, d'après la même étude d'OpinionWay. Pour plus de la moitié, ils veulent déménager dans un cadre plus « vert »
Pour aider ces Français qui ont fait le choix de vivre près de la nature mais en conservant un emploi en ville, les plateformes de location et les hôtels leur proposent plusieurs solutions : des locations à temps partiel, des séjours longs pour pouvoir travailler ou des espaces de coworking dans les hôtels. Un pari gagnant pour les Français qui font ce choix de vie, car entre le coût des transports et la location, ceux qui quittent Paris économiseraient jusqu'à 60% de loyer, selon une étude réalisée en 2015 par Le Figaro immobilier.
La location à temps partiel
La location à temps partiel peut être une première solution. WeekAway, plateforme d'intermédiation lancée mi 2020 et regroupant 3.000 membres, accompagne les Français qui cherchent à « se loger de manière récurrente quelques jours par semaine à proximité du bureau ». Actuellement, le site enregistre une très forte demande de la part des Parisiens et des jeunes familles vers des villes comme Nantes, La Rochelle, Rennes ou Bordeaux, précise Marie-Christine Crolard, fondatrice de WeekAway, à La Tribune.
Ainsi, après le troisième confinement, l'audience et le nombre d'inscrits sur la plateforme, qui recommande aux propriétaires d'appliquer des prix 15 à 20% moins cher qu'en occupation à temps plein, ont augmenté de près de 60%. Car la généralisation du télétravail permet désormais aux Français « de choisir leur lieu de vie indépendamment de leur lieu de travail », ajoute Marie-Christine Crolard. « Selon l'INSEE, 900.000 personnes travaillent à plus de 200 kilomètres de chez elles, on peut penser que d'ici 5 ans elles seront 3 millions », conclue-t-elle.
Les séjours de longue durée pour travailler
A côté, certains Français optent pour des séjours de longue durée lorsqu'ils s'éloignent de leur domicile. Ainsi, sur le site d'hébergement Airbnb, les réservations pour des séjours de plus de 28 jours représentent désormais 14% des réservations en France, selon des données communiquées par le site à La Tribune. Et de plus en plus de Français peuvent partager leur vie entre différentes régions : ainsi, depuis le début de l'année, 62% des nuitées réservées l'ont été dans un rayon allant jusqu'à 500 kilomètres du lieu d'habitation des voyageurs, d'après ces mêmes données. Dans certains cas même, les clients de séjours longue durée envisagent d'abandonner définitivement leur résidence principale pour des séjours avec Airbnb, soit 5% des clients mondiaux de la plateforme.
A côté de ces nouveaux modes de vie hybrides, le nombre de réservations faites sur le site, au premier trimestre 2021, a augmenté de 13% au niveau mondial en un an, d'après un rapport publié par Airbnb. Et au premier trimestre 2021, les revenus de l'entreprise, qui prélève une commission de 3% des frais d'hébergement avec la TVA, ont augmenté de 5 % par rapport à 2020.
Des espaces de coworking dans les hôtels
Enfin, ces Français peuvent louer une chambre dans un hôtel prêts à accueillir des travailleurs. Par exemple, le groupe Accor, qui possède notamment la marque IBIS dont le prix moyen d'une nuitée à Paris est de 94,53 euros selon les données de Booking.com, a lancé une offre « Entreprise ». Ce service met à « disposition de tous les collaborateurs d'une même société un full access à 350 adresses en partout en France », d'après le groupe, contacté par La Tribune. Une initiative sans doute appelée à se développer, au-delà des grandes chaînes, au moins tant que le retour des touristes ne remplit pas les hôtels des grandes villes.