Journée des femmes : LREM propose une loi pour encadrer l'égalité hommes-femmes

Par AFP  |   |  738  mots
(Crédits : Reuters/Benoit Tessier)
Alors que le quinquennat est marqué par de grandes lois sécuritaires, pour cette journée du 8 mars, des députés LREM ont déposé une proposition de loi visant à donner de nouvelles obligations aux entreprises. Le président du Medef a regretté le manque de présence féminine au sein des instances dirigeantes des entreprises françaises et annoncé travailler avec le gouvernement sur un index pour améliorer la situation.

Les députés LREM ont déposé lundi, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, une proposition de loi visant à "accélérer l'égalité économique et professionnelle" entre les femmes et les hommes.

"L'argent des femmes a souvent été considéré comme un revenu d'appoint, parfois un argent de poche. Il faut que toutes les femmes, quel que soit leur parcours, qu'elles aient ou non des enfants, puissent bénéficier d'une autonomie financière et prétendre à une égalité économique avec les hommes", pour leur bénéfice mais aussi celui "de la société", soutient auprès la députée Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée, qui porte ce texte.

Mme Rixain espère un examen du texte en mai pour une adoption avant la fin de l'année.

Famille monoparentale, émancipation bancaire...

Dans ses premiers articles, la proposition de loi prévoit "l'obligation" de verser le salaire ou les prestations sociales sur un compte bancaire "dont le salarié est le détenteur ou le co-détenteur".

Ce n'est que le 13 juillet 1965 que le Parlement a voté une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte en banque à leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari, rappelle la députée.

Le texte s'adresse aussi aux 85% de femmes à la tête de familles monoparentales, pour qui la charge parentale est "décuplée", en permettant l'accès à des dispositifs de formation et en réservant des places en crèche pour ces familles bénéficiaires de l'allocation de soutien familial.

Il vise également à "lutter contre les biais de genre" dans les choix professionnels, alors que les femmes ne sont que 26% en écoles d'ingénieur, en proposant de concevoir un "index de l'égalité" dans les établissements d'enseignement du supérieur et de favoriser la mixité des jurys.

Il prévoit que les entreprises de plus de 1.000 salariés publient chaque année une "photographie genrée" des 10% de postes à plus haute responsabilité.

Il entend aussi introduire des "objectifs de mixité" dans le soutien aux entreprises de la banque publique BpiFrance, alors que les femmes ont "30% de chances en moins" que les hommes d'obtenir des financements pour leur entreprise.

Alors qu'Emmanuel Macron et la majorité entendent mettre l'accent sur le volet social qui doit rééquilibrer un quinquennat marqué par de grandes lois sécuritaires, Mme Rixain explique que ce texte s'inscrit "dans une logique d'égalité des chances et de justice économique".

Le Medef veut féminiser les Comex

Le président de l'organisation patronale Medef a regretté lundi le manque de présence féminine au sein des instances dirigeantes des entreprises françaises et annoncé travailler avec le gouvernement sur un index pour améliorer la situation.

"On a un problème en France au niveau des directions, des comités de direction, et il faut le traiter. Je ne le dis pas simplement pour un sujet d'égalité mais aussi pour un sujet d'efficacité", a expliqué Geoffroy Roux de Bézieux sur la radio Europe 1.

Il a relevé que des études montraient que les entreprises qui accordaient davantage de place aux femmes étaient "plus performantes".

Pas question pour autant, selon le dirigeant du Medef, d'imposer des quotas pour les comités exécutifs comme la loi Copé-Zimmermann l'avait fait en 2011 pour les conseils d'administration.

Car, a-t-il ajouté, alors que les administrateurs sont nommés pour trois ans et peuvent être éventuellement reconduits, aucune rotation automatique n'a lieu au sein des comités de direction.

"Il faut que les gens démissionnent ou, pour dire les choses en français, qu'ils soient licenciés. Si on licence des hommes pour faire de la place aux femmes, il y a un problème de discrimination, il y a un problème de légalité", a prévenu M. Roux de Bézieux.

Pour améliorer la situation, il a toutefois affirmé mettre au point avec la ministre du Travail, Elisabeth Borne, "un index sur ces 10% de cadres dirigeants pour les féminiser le plus rapidement en tenant compte du point de départ des entreprises", sans donner davantage de détails.

Plusieurs ministres s'étaient prononcés fin janvier pour l'instauration de quotas de femmes dans les comités exécutifs et de direction des entreprises, nécessaires selon eux pour aider à briser le "plafond de verre".