L'école des énarques affiche un déficit de 2,8 millions d'euros

Par latribune.fr  |   |  545  mots
(Crédits : Reuters)
La prestigieuse École nationale d'administration (ENA), d'où sortent les hauts fonctionnaires et dirigeants politiques français, va devoir réduire ses coûts de fonctionnement, a annoncé dimanche le ministère des Comptes publics.

L'ENA a affiché 2,8 millions d'euros de déficit l'an dernier, sur un budget total de 40,8 millions d'euros, notamment en raison de l'élargissement de ses missions qui n'a pas été suffisamment compensé par l'Etat, affirme dimanche Le Parisien.

"Si rien ne change, l'école, qui dispose encore d'une petite réserve pour éponger, fera banqueroute d'ici quatre ans", s'alarme le quotidien, qui a obtenu les documents comptables de l'ENA via le think tank libéral iFrap - lequel a saisi pour cela la Commission d'accès aux documents administratifs.

Selon ces documents, la subvention de l'État (31,1 millions d'euros) n'est que légèrement supérieure aux dépenses de personnel (30,9 millions d'euros), laquelle inclut la rémunération des élèves (9,2 millions d'euros), payés 1.682 euros brut par mois pendant leurs deux ans de scolarité. Les autres recettes (dont 3,4 millions d'euros de recettes propres) ne suffisent pas à équilibrer les comptes.

Passage obligé par le recentrage

Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a demandé dès l'été 2017 au nouveau directeur de l'ENA, Patrick Gérard, des propositions "en vue d'un redressement durable" et un plan de retour à l'équilibre a été présenté le 10 octobre au conseil d'administration, ajoute le ministère.

Ces mesures "portent notamment sur la diminution des coûts de fonctionnement de l'école, une modernisation des modalités d'accès à l'école, un recentrage de la formation continue et de l'action internationale, ainsi que sur la dimension immobilière", précise-t-il.

Cette annonce fait suite à des informations du Parisien Dimanche selon lesquelles les comptes de l'ENA sont dans le rouge, avec un déficit de 2,8 millions d'euros en 2017, dont un million de recettes non encaissées (elles le seront en 2018).

Ce déficit est notamment dû à des dépenses de personnel (30,9 millions d'euros) qui absorbent la presque totalité de la dotation de l'État.

Sur ce montant, 9,2 millions d'euros étaient alloués à la rémunération des étudiants, qui ont le statut de fonctionnaires stagiaires et sont payés près de 1.700 euros brut par mois pendant leur deux ans de scolarité.

"Sans plan de redressement, l'école aurait des difficultés d'ici trois ans", convient le secrétaire général de l'ENA, Thierry Rogelet, selon qui le déficit pourrait alors être de 1,5 à 1,8 million d'euros par an.

Il impute une partie des difficultés financières de l'école à une baisse de la dotation de l'État à la fin des années 2000. À quoi s'ajoute notamment le coût d'une double localisation de l'ENA, qui a déménagé il y a quelques années à Strasbourg mais a gardé une antenne à Paris.

Le plan de redressement sur trois ans prévoit de ramener le déficit à 1,4 millions d'euros en 2018 et 400.000 euros en 2019, et de dégager un excédent de 500.000 euros en 2020, notamment grâce à la suppression de poste et à une réduction des promotions, ramenées à 80 élèves au lieu de 90, hors étudiants étrangers, a précisé Thierry Rogelet.

"Le redressement des comptes de la nation doit être un effort partagé par l'ensemble des entités publiques", souligne pour sa part le ministère des Comptes publics. "Une école dont la mission est d'enseigner la bonne gestion publique doit plus qu'aucune autre être exemplaire."

(avec agences)