Le 29 juillet, jour de "libération fiscale" : vraiment ?

Par latribune.fr  |   |  437  mots
Cette date de "libération" doit être envisagée avec beaucoup de prudence au regard de la méthode avec laquelle est établi cet indicateur.
Selon l'étude annuelle de l'institut Molinari réalisée en partenariat avec le cabinet EY, le 29 juillet serait le jour où cette année le salarié français peut "réellement" disposer de ses revenus. En réalité, comme le soulèvent plusieurs médias, les promoteurs de cette date n'hésitent pas à utiliser plusieurs biais méthodologiques.

Le communiqué de l'Institut économique Molinari est conçu pour faire le buzz en été, avec son titre "Le salarié moyen français devient en 2016 le plus taxé de l'Union européenne". Le think-tank affirme que le jour de "libération fiscale et sociale" interviendra le 29 juillet. Ce fameux jour est défini comme la date où "le salarié moyen arrête en théorie de payer des charges et des taxes et peut disposer à sa guise des fruits de son travail."

De quoi alimenter la critique sur les salariés surtaxés par un Etat qui serait champion des prélèvements obligatoires. Pourtant, même si la France possède un niveau de dépense publique parmi les plus élevés d'Europe, la réalité est plus complexe et incite à prendre cette date de "libération" avec beaucoup de prudence au regard de la méthode avec laquelle est établi cet indicateur.

Un indicateur peu rigoureux

Comment est-il élaboré ? Comme l'indiquait en 2014 Cécile Philippe, présidente de l'institut Molinari à Libération, "nous partons du salaire annuel brut moyen d'un salarié français - environ 36.000 euros. Nous en retirons les charges salariales et patronales, l'impôt sur le revenu et la TVA, et on regarde ce qui reste".

C'est là le premier biais de l'étude : elle oublie qu'une grande partie de l'argent prélevé par l'Etat ne s'évapore pas dans ses caisses mais est redistribué via des prestations sociales et des investissements dans les infrastructures par exemple.

Autre problème, relevé par Le Monde, "tous les agents économiques n'ont pas la même fiscalité, or cet indicateur agrège ce que payent entreprises, ménages et consommateurs dans un même ratio".

Dernier souci, l'institut utilise des moyennes, ce qui a pour effet de supprimer les écarts de revenus, et de faire émerger un "jour de libération" trop général.

Moins d'Etat, moins de dépenses ?

En évoquant une "pression fiscale et sociale", un "fardeau", l'institut Molinari sous-entend que l'Etat pèse sur les ménages, et que cela a un impact sur la qualité de vie. Le terme même de "libération" laisse à penser que le salarié est soumis à l'Etat et voit son revenu confisqué.

C'est oublier que l'Etat finance des services, qui, s'ils étaient privatisés, devraient de toute façon être payés par leurs utilisateurs : Sécurité sociale, hôpitaux, écoles... Dans un monde où l'Etat serait quasiment absent, le "jour de libération" fiscal interviendrait beaucoup plus tôt dans l'année, mais il faudrait de toute façon continuer à payer les services privatisés.