Le CHU de Lille et la filière textile s'allient pour fabriquer des masques

Par Gaëtane Deljurie, à Lille  |   |  593  mots
Pour lancer la fabrication de ces masques, l'entreprise Lemahieu a obtenu une autorisation préfectorale et a fait appel à des salariés bénévoles qui ont commencé à travailler ce week-end, dans l'usine de Saint-André-lez-Lille. Près de 3.000 masques par jour alimenteront les personnels hospitaliers. (Crédits : Lemahieu)
Face à la pénurie de masques, le CHU de Lille a développé et testé en laboratoire un masque en tissu, lavable et réutilisable. Le fabricant textile Lemahieu, spécialiste du sous-vêtement, a commencé la production de masques mais aussi de kits pour couturières bénévoles.

« Garridou », de son petit nom. Le masque a été baptisé ainsi en hommage à ses concepteurs, Pascal Odou, Delphine et Clémentine Garrigue et Marine Vanbremeersch. Attention, il « ne remplace pas le masque jetable », prévient le Centre hospitalier de Lille « mais il constitue un substitut acceptable pour les autres situations, hors des gestes de soins ».

Des tests sont d'ailleurs en cours sur des prototypes de masques en tissus pour obtenir un niveau de protection similaire aux masques chirurgicaux jetables. « Il est bien précisé qu'il ne s'agit pas d'une homologation mais d'un test d'efficacité particules », souligne le CHU dans son communiqué.

Autorisation préfectorale

Pour lancer la fabrication des masques de secours, l'entreprise Lemahieu a obtenu une autorisation préfectorale et a fait appel à des salariés volontaires qui ont commencé à travailler ce week-end, dans l'usine de Saint-André-lez-Lille. Près de 3.000 masques par jour alimenteront les personnels hospitaliers. Et il a été aussi imaginé des kits prêts à coudre, avec patron et tissus fournis, auxquels pourraient s'attaquer des couturières bénévoles. L'appel, relayé par la communauté solidaire Le Souffle du Nord, avait permis d'obtenir la candidature de 10.000 personnes dimanche soir, l'obligeant momentanément à suspendre les propositions.

Chez Lemahieu, spécialiste du sous-vêtements homme et femme depuis 1947, toutes les étapes, du tricotage à la confection, sont réalisées dans la même usine dans les Hauts-de-France, permettant d'avoir le label Origine France Garantie et Oekotex 100. L'entreprise a été rachetée l'année dernière par Martin Breuvart et Loïc Baert, succédant ainsi à la fille du fondateur et son mari. « Depuis ce week-end, chez Lemahieu, après les premiers prototypages de masques, les premières découpes de tissus en masse ont débutées », indiquait l'entreprise sur les réseaux sociaux. « Dans des conditions sanitaires strictes ; les volontaires s'affairent avec le sourire (derrière le masque si si) ».

Belle entraide entre plusieurs acteurs

Cette initiative témoigne d'une belle entraide entre plusieurs acteurs : Dupont Beaudeux (150 salariés, 14,2 millions d'euros de CA), spécialisée dans les vêtements de travail et basée à Annoeuillin dans la métropole lilloise, a mis à disposition des matières premières et assurera également le stockage et la distribution de masques cousus par ailleurs LMC et Tous Ergo a mis à disposition de son infrastructure logistique et des moyens humains associés ; l'association Clubtex et Euromaterials pour l'accompagnement sur le sourcing des matières premières ; Le Slip Français (client de Lamahieu) qui a donné un lot de tricots extérieurs ; Les Hauts de Couture en tant que réseau de couturiers professionnels sur la métropole lilloise ; Subrenat SAS qui a fourni du média filtrant.

« Plusieurs autres industriels de la région se tiennent prêts à s'engager dans cette production. Les autorités sanitaires et civiles (préfecture, ARS), les collectivités locales (Métropole européenne de Lille, Région Hauts-de-France...) nous ont d'ores et déjà assuré de leur soutien dans cette initiative », indique le CHU. Parmi les entreprises volontaires, Doublet, spécialiste du drapeau basé à Avelin dans la banlieue de Lille ou encore Cousin Biotech, fabricant de produits médicaux implacables.

Production solidaire

La production doit s'engager à être solidaire : les masques fabriqués devront être vendus à prix coûtant ou avec le soutien de mécènes, « d'abord aux hôpitaux publics engagés dans la gestion de la crise Covid-19, aux établissements privés associés au dispositif, puis aux professionnels de santé et services de secours et de sécurité dans un deuxième temps. »