Les Régions se veulent à la pointe dans le développement de l'apprentissage

Le Premier ministre Manuel Valls réunira le 12 mai les partenaires sociaux et les régions pour une "journée de mobilisation pour l'emploi". L'apprentissage sera au cœur des discussions. L'Association des régions de France (ARF) avance de nombreuses propositions pour développer cette filière de formation et, ainsi, prouver son savoir-faire en matière de politique de l’emploi.
Jean-Christophe Chanut
L'Association des Régions de France va proposer au Premier ministre tout un train de mesures pour développer l'apprentissage

Le 12 mai, lors d'une énième réunion de « mobilisation pour l'emploi », le Premier ministre Manuel Valls recevra les présidents de régions et les partenaires sociaux. La question de l'apprentissage sera au cœur des discussions. On connaît l'objectif gouvernemental de parvenir à 500.000 apprentis en 2017, soit environ 200.000 de plus qu'actuellement. Mais, problème : depuis deux ans, les effectifs des apprentis sont en baisse. C'est pour tenter d'enrayer cette érosion que le Président de la République et le gouvernement ont annoncé un train de mesures destinées à inciter les entreprises à embaucher des apprentis. Et il y a du travail sachant que seulement... 3,5% des entreprises françaises prennent des apprentis, contre plus de 20% en Allemagne.


Les régions ont augmenté leurs budgets en faveur de l'apprentissage

C'est dans ce contexte que l'Association des Régions de France (ARF) compte jouer un rôle actif lors de cette réunion et avancer un certain nombre de propositions afin de démontrer que les régions sont en première ligne dans la bataille en faveur du développement de l'apprentissage. Une façon aussi pour l'ARF de répondre à Pierre Gattaz, président du Medef, qui a présenté il y a quelques jours une carte des régions françaises tendant à prouver que 16 régions métropolitaines sur 22 avaient présenté des budgets à la baisse en faveur de l'apprentissage.

Pour Alain Rousset, président de l'ARF et de la région Aquitaine, ceci est totalement faux car basé sur un calcul erroné.

"Contrairement aux affirmations du Medef, l'effort des Régions en faveur de l'apprentissage est en augmentation en 2015 par rapport à 2014 et ce, malgré la baisse des effectifs d'apprentis. La baisse optique des budgets dans certaines régions résulte du changement par l'Etat du régime des primes en 2015. La prime étant dorénavant réservée aux employeurs de moins de 11 salariés. Aussi, c'est la dotation de l'Etat qui a baissé".

Au total, selon l'ARF, en 2014, les régions ont dépensé 270 millions d'euros en faveur de l'apprentissage.

Devant le Premier ministre, l'ARF compte avancer plusieurs propositions pour « booster » le dispositif . D'abord, elle propose de retarder d'un an (de 2015 à 2016) l'obligation pour les branches professionnelles de conclure un accord avec les syndicats sur le développement de l'alternance et de l'apprentissage. La conclusion d'un tel accord est en effet la contrepartie indispensable si les entreprises de moins de 250 salariés veulent bénéficier de la nouvelle prime de 1.000 euros prévue en cas d'embauche d'un apprenti. Or jusqu'ici, trop peu d'accords ont été signés.

Les idées des régions pour "booster" l'apprentissage

L'ARF souhaite aussi que pour le secteur de l'artisanat - qui relève de nombreuses branches - les opérations soient simplifiées en imposant la conclusion d'un seul accord au niveau national. « Il ne faut jamais oublier que les entreprises artisanales emploient à elles seules 75% des apprentis », rappelle Alain Rousset.
Par ailleurs, l'ARF milite aussi pour une réforme du Bac pro préparé via l'alternance en trois ans. « C'est beaucoup trop long et difficile pour les entreprises d'avoir un alternant pendant trois ans » estime-t-on à l'ARF.

Il s'agirait également d'instituer deux sessions par an d'inscription en apprentissage au lieu d'une afin de favoriser l'afflux de candidats .
Pour l'ARF, il faudrait aussi se pencher sur le problème des ruptures anticipées des contrats d'apprentissage qui peuvent représenter jusqu'à 35% du total dans certains secteurs. Une préoccupation partagée par l'organisation patronale des artisans, l'UPA. Les régions estiment qu'il faut réfléchir sur la façon de limiter ces « décrochages », via une meilleure politique d'orientation. Pourquoi ne pas imaginer des sessions de préparation à l'apprentissage ?

Enfin, il s'agirait aussi de développer l'apprentissage dans la fonction publique, sachant que le gouvernement s'est fixé comme objectif d'atteindre les 4.000 apprentis dans la fonction publique d'Etat en septembre 2015 et 10.000 en septembre 2016, contre 700 environ en 2014... Aujourd'hui, les collectivités représentent l'essentiel des 12.300 apprentis recrutés dans les trois fonctions publiques. Pour l'ARF, l'emploi public représente actuellement environ 20% de l'emploi total, ce qui représente un potentiel de 80.000 apprentis sur la base d'un engagement des employeurs publics au même niveau que les employeurs privés.

Les régions veulent montrer leur savoir-faire dans le domaine de l'emploi

L'Association des Régions de France (ARF) se veut donc force de proposition. Au-delà de l'intérêt porté par les régions à l'apprentissage, il y a aussi un enjeu politique dans cet engagement. On le sait, dans le cadre de la loi sur la « nouvelle organisation territoriale de la République » (NOTRe), actuellement en discussion devant le Parlement, les régions revendiquent le rôle de chef de file dans les domaines du développement économique, des politiques d'orientation et d'insertion. Elles demandaient même le droit de mener les politiques de l'emploi et, ainsi, de contrôler localement les actions menées par Pôle emploi, ce que contestait les syndicats notamment. Mais l'Etat a refusé cette « décentralisation » de Pôle emploi. Avec cette implication dans le développement de l'apprentissage, l'ARF tente ainsi de démontrer son savoir-faire et son dynamisme, espérant peut-être influencer le gouvernement...

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 2
à écrit le 08/05/2015 à 19:08
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fausses formations pour faux emplois mais vraies arnaques

à écrit le 07/05/2015 à 9:38
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a hurler de rire!!! ils ont demoli l'apprentissage et se rendent compte maintenant des effets desastreux! alors la chasse a l'idiot est reouverte, lecons de morale culpabilisatrices a l'appui, mais pas sur que ce soit efficace!!!! c'est a l'avenant...

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