Richard Ferrand n'exclut pas un Premier ministre "issu de la droite"

Par latribune.fr  |   |  850  mots
Emmanuel Macron.
La liste des prétendants à Matignon ne cesse de s'allonger. Emmanuel Macron a affirmé avoir arrêté son choix mais a indiqué que l'intéressé ou l'intéressée l'ignorait. Richard Ferrand a évoqué lundi le scénario probable d'un Premier ministre de droite pour conduire les législatives. Le nom d'Edouard Philippe, député LR proche d'Alain Juppé et maire du Havre, revient avec insistance.

Emmanuel Macron sera le prochain président de la République dimanche 14 mai à l'issue de la passation de pouvoir avec François Hollande à l'Elysée. Dans la foulée, il nommera son Premier ministre, chargé de conduire l'application d'un programme dont on connaît les grandes lignes, et de mener la bataille des élections législatives en faveur du jeune mouvement En Marche! pour assurer à Emmanuel Macron la majorité à l'assemblée nationale.

Plusieurs noms circulent

Celui-ci a déclaré sur RTL avoir d'ores et déjà choisi son Premier ministre, précisant sur Europe 1 que s'il avait ce nom en tête, la personne choisie, elle, l'ignorait. Il a par ailleurs annoncé qu'il dévoilerait, s'il est élu, la composition de son gouvernement, alliant nouveaux visages et personnalités d'expérience, dont le centriste François Bayrou, "après la passation de pouvoir".

Le secrétaire général d'En Marche!, Richard Ferrand, l'un des premiers députés socialistes à avoir rejoint Emmanuel Macron, a précisé le choix lundi sur Europe 1. Le secrétaire général Richard Ferrand n'a pas exclu lundi l'éventualité d'un Premier ministre "issu de la droite", expliquant que "la future majorité devrait rassembler des sensibilités diverses". "Ceux qui viennent d'horizons différents, d'une sensibilité plutôt de droite, du centre ou de la gauche, qui sont d'accord sur les grands chantiers qu'Emmanuel Macron juge nécessaires" devront "se retrouver pour gouverner la France et construire une majorité", a expliqué Richard Ferrand, l'un des plus proches soutiens du président élu, interrogé sur RTL. Il a réaffirmé que le nom du futur Premier ministre serait connu "en toute logique après le 14 mai" et la prise de fonction du nouveau chef de l'Etat. "Nous voulons rassembler par-delà les clivages traditionnels. Par conséquent il y a en notre sein des gens qui viennent de la gauche, du centre et de la droite. C'est à Macron de dire quel est le profil de la personnalité qui sera la plus apte à atteindre ces objectifs", a-t-il souligné sur Europe 1.

Au jeu des pronostics, plusieurs noms circulent, dont justement celui du président du Modem, qui a apporté au leader d'En Marche! un soutien décisif durant sa campagne. Au centre aussi, les noms de la députée européenne Sylvie Goulard et de l'ancienne secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac sont fréquemment cités. Autre personnalité évoquée, Thierry Mandon, actuel ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. A "droite", on évoque Jean-Louis Borloo, ancien ministre des affaires sociales de Nicolas Sarkozy, Thierry Breton, patron d'Atos et ancien ministre de l'Economie et des Finances sous Jacques Chirac, mais aussi Bruno Le Maire, député LR, qui a fait des offres de services à Emmanuel Macron, tandis que Christian Estrosi a démissionné de la présidence de la région Paca lundi soir. Un appel du pied à Emmanuel Macron qu'il avait rencontré à Nice ? On évoque aussi des personnalités comme Pascal Lamy, ancien directeur de l'OMC ou encore l'actuelle directrice du FMI, Christine Lagarde.

Personnaliser le "renouvellement des visages"

Toutefois, Emmanuel Macron a suggéré quelques critères : la personne ne doit pas avoir été ministre d'un gouvernement précédent, ce qui semble exclure aussi à gauche Jean-Yves Le Drian ou Ségolène Royal, disposer d'une solide expérience parlementaire et, surtout, personnaliser le "renouvellement des visages". Ce qui réduit les chances pour les personnes citées. Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement En Marche! figure aussi parmi les proches qui joueront probablement un rôle dans l'exécutif. Âgé de 54 ans, élu député socialiste après la victoire de François Hollande, il est devenu l'un des hommes de confiance du favori de l'élection présidentielle et un de ses principaux porte-parole dans les médias et sur les réseaux sociaux, tout en restant d'un abord facile. Il a également un talent d'organisateur comme en témoigne la façon dont il a transformé en à peine plus d'un an la startup En Marche !, en véritable machine de guerre pour la conquête de l'Elysée avec ses 270.000 adhérents.

Une caution venue de la droite

Mais, si le Premier ministre est issu des rangs de la droite, comme le laisse entendre Richard Ferrand, un nom revient avec de plus en plus d'insistance, celui d'Edouard Philippe, député LR, proche d'Alain Juppé. A 47 ans, cet énarque, ancien avocat, devenu maire du Havre en 2010, et réélu brillamment dès le premier tour en 2015 est député LR et a été le porte-parole d'Alain Juppé durant la campagne des primaires de droite. Symboliquement, il serait une caution venue de la droite pour Emmanuel Macron, susceptible de lui attirer les juppéistes des LR. Il s'est déclaré prêt à travailler avec le leader d'En Marche!.

Pour autant, le choix d'Emmanuel Macron pourrait être autre. N'a-t-il pas souhaiter que ce poste soit occupé par une femme? A moins, qu'il ne s'ingénie à brouiller les pistes. Finalement, le jeu des pronostics reste largement ouvert.