Macron supprime l'ENA et réforme la formation des futurs hauts fonctionnaires

Par AFP  |   |  570  mots
En février, Emmanuel Macron avait insisté sur la nécessité d'ouvrir à des jeunes d'origine modeste les voies d'accès aux prestigieuses écoles de l'administration. Le président de la République avait dressé au passage un constat sombre de "l'ascenseur social" français, qui "fonctionne moins bien qu'il y a 50 ans" car la mobilité "est très faible". (Crédits : POOL New)
Dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique, laquelle va réformer l'ordonnance de 1945 qui régit le recrutement des hauts fonctionnaires, Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi la fin de l'Ecole nationale d'administration (ENA), remplacée par l'ISP, Institut du Service Public. Une promesse qu'il avait faite le 25 avril 2019, lors de la conférence de presse de sortie du "grand débat.

Emmanuel Macron a présenté ce jeudi les grandes lignes de la réforme de la haute fonction publique, avec le remplacement de l'ENA par une nouvelle école plus ouverte à la diversité.

Le chef de l'État s'est exprimé en visioconférence dans l'après-midi devant plusieurs centaines de cadres dirigeants de l'Etat, à l'occasion de la Convention managériale de l'Etat organisée par Matignon qui réunira préfets, ambassadeurs, chefs d'administrations centrales ou recteurs.

Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu'il allait remplacer l'ENA par un "Institut du Service public" (ISP), qui devra "sélectionner des profils moins déterminés socialement", une réforme promise après la crise des "Gilets jaunes" en 2019. "L'ISP formera tous les élèves administrateurs de l'Etat et intégrera un tronc commun à 13 écoles de service public", "une révolution profonde en terme de recrutement" dans la fonction publique, a précisé le chef de l'Etat devant 600 hauts fonctionnaires réunis en visioconférence, dans un discours transmis par l'Elysée.

Les Gilets jaunes critiquaient l'école pour sa formation d'élites "hors sol"

Emmanuel Macron tient ainsi la promesse qu'il avait faite le 25 avril 2019, lors de la conférence de presse de sortie du "grand débat", de supprimer l'Ecole nationale d'administration (ENA).

Créée en 1945 par le général de Gaulle, l'ENA a été fortement critiquée pendant la crise des "gilets jaunes" pour sa formation d'élites "hors sol".

Quatre des six derniers chefs de l'État, dont Emmanuel Macron, sont issus de cette école, installée à Strasbourg.

L'ENA serait remplacée par une nouvelle école

Le chef de l'Etat souhaite son remplacement par une nouvelle école afin de diversifier son recrutement, son enseignement et le mode de classement des élèves, selon une source proche de l'exécutif.

Le 11 février lors d'un déplacement à Nantes, Emmanuel Macron avait insisté sur la nécessité d'ouvrir les voies d'accès à des prestigieuses écoles de l'administration à des jeunes d'origine modeste afin que plus "aucun gamin dans notre République se dise: +ce n'est pas pour moi+".

La question de l'"ascenseur social" et de la diversité

Il avait alors dressé un constat sombre de "l'ascenseur social" français, qui "fonctionne moins bien qu'il y a 50 ans" car la mobilité "est très faible".

La diversité dans la fonction publique est l'un des piliers de l'agenda en faveur de "l'égalité des chances" qu'Emmanuel Macron cherche depuis plusieurs mois à promouvoir en profitant des rares espaces laissés dans le débat public par la crise du Covid-19.

"Offrir aux Français un service public plus proche, plus efficace, plus transparent et plus bienveillant"

Au cours de la Convention managériale de l'Etat, le Premier ministre Jean Castex et la ministre de Transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin présenteront les grands axes de l'ordonnance sur la réforme qui doit être adoptée avant le 7 juin après son examen en Conseil des ministres en mai.

Son objectif est "d'offrir aux Français un service public plus proche, plus efficace, plus transparent et plus bienveillant", a expliqué l'Elysée.

Ce texte, qui doit réformer l'ordonnance de 1945 régissant le recrutement des hauts fonctionnaires, comporte de nouvelles mesures sur la formation et les carrières de la haute fonction publique, "dont le rôle essentiel, a fortiori en temps de crise, sera réaffirmé" selon l'Elysée.