Médicaments : l'Assurance maladie s'intéresse aux startups pour dépenser moins

La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) veut "accompagner la création de services ou d'applications numériques innovantes au service du bon usage du médicament". Lors d'un "hackathon santé", mardi, elle a mis un coup de projecteur sur cinq startups travaillant sur l'amélioration de l'observance et l'optimisation des prescriptions de médicaments. Des solutions qui lui permettraient de réaliser des économies.
Jean-Yves Paillé
D'après une étude du cabinet spécialisé en santé IMS Health, publiée fin 2014, la France pourrait économiser 9 milliards d'euros chaque année sur six maladies chroniques si les prescriptions médicales étaient mieux respectées.

L'Assurance maladie a présenté l'année dernière un rapport pour économiser 3 milliards d'euros en trois ans. Pour accélérer ces réductions de dépenses, elle s'intéresse de plus en plus aux solutions innovantes que sont susceptibles d'apporter certaines startups. Preuve de son intérêt pour celles-ci, la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) accueillait mardi 10 mai dans son siège la finale d'un "hackathon santé" lancé en décembre. Avec un objectif précis : "Accompagner la création de services ou d'applications numériques innovantes au service du bon usage du médicament" et "en encourager l'exploitation à des fins d'intérêt public."

Sur 42 équipes associants des étudiants, des startups et également des professionnels de santé, cinq ont été sélectionnées et ont présenté leur projet devant un jury de cinq personnes présidé par Nicolas Revel, directeur de la Cnamts. Les finalistes ont dévoilé des offres pour mieux informer les patients, améliorer l'observance (le respect des prescriptions des médecins et de la prise des traitements) ou encore analyser les habitudes de prescriptions des médecins.

TrackMedoc, pour "améliorer la pratique de la prescription des médecins"

S'intéresser aux habitudes des prescripteurs, c'est ce que propose la startup Track Medoc (co-gagnant du concours avec Observ'am, startup souhaitant améliorer l'observance chez les patients atteints d'un cancer). "La Caisse nationale d'Assurance maladie nous a lancé un double défi : le premier c'est de contribuer à une plateforme sur le bon usage des médicaments, et, le second, c'est de valoriser les données d'Open Medic (une base de données sur les dépenses des médicaments selon la spécialité du prescripteur, Ndlr)", explique Paul Mandelbrojt, médecin et participant au projet de Track Medoc.

La startup veut lancer un site internet pour "améliorer la pratique de la prescription des médecins", "guider le prescripteur vers un choix éclairé et indépendant", sous-entendu, hors influence des laboratoires pharmaceutiques. "L'art du médecin, c'est d'adapter l'art médical à chaque patient", poétise Paul Mandelbrojt.

Les médecins trouveraient ainsi sur le site de Track Medoc la liste des contre-indications, des effets indésirables des médicaments. Mais plus innovant, la startup leur donnerait la possibilité via l'analyse de données de comparer leurs ordonnances par rapport à celles de leur collègue. Une façon de voir s'ils recommandent plus ou moins de médicaments que la moyenne. De quoi intéresser vivement l'Assurance maladie qui table sur un contrôle renforcé des prescriptions des praticiens...

Valwin veut responsabiliser les patients

La startup Valwin a, quant à elle, le projet d'informer, d'améliorer l'observance mais aussi de responsabiliser les patients grâce à une application mobile pédagogique baptisée Medic'in.

"Le système de soin français est mal compris. Les gens ne se rendent pas forcément compte que les médicaments sont payants", explique Camille Freisz, fondatrice de la startup

Pour montrer le coût réel d'un traitement, elle propose une synthèse intégrant tous les traitements pris en charge. Et, quand cela est possible, Valwin peut alerter sur la possibilité de prendre un générique. De quoi réjouir l'Assurance maladie qui prône vivement l'usage de ces médicaments-là pour réaliser d'importantes économies.

Enfin, Valwin propose aussi un accompagnement du patient pour améliorer l'observance, thème très présent dans ce hackathon, puisque deux autres startups finalistes se sont également focalisées dessus.

La non observance, coût vertigineux pour l'Assurance maladie

Ce n'est certainement pas un hasard si l'observance était un thème récurrent de ce hackathon. D'après une étude du cabinet spécialisé en santé IMS Health, publiée fin 2014, la France pourrait économiser 9 milliards d'euros chaque année sur six maladies chroniques si les prescriptions médicales étaient mieux respectées. Et en 2012, une étude du même cabinet assurait que "plus de la moitié des économies potentielles de santé relève de l'observance". En effet, la "non observance entraîne des coûts évitables très importants, liés aux complications".

IMS Health estimait que "la mauvaise compréhension du traitement est souvent en cause " ou encore "la sous-estimation des risques et conséquences". Mais également la "la dépression associée". Pour ce dernier facteur, aucune startup ne semble détenir la solution miracle...

Jean-Yves Paillé
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