"Papy-boom" : l'âge d'or des seniors en ville

Par César Armand  |   |  537  mots
(Crédits : Reuters)
Avec la vague de départ à la retraite des « baby-boomers », 2030 verra l'explosion d'une population très âgée. Une perspective à laquelle se préparent le secteur du logement et les élus des métropoles.

Selon les dernières projections démographiques de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la population de la France métropolitaine pourrait être composée d'un tiers de personnes âgées de plus de 60 ans en 2050. Ils seront 20 millions en 2030, près de 22 millions en 2040 et plus de 23 millions en 2050. Entre celles qui survivront à leur mari - le veuvage touche encore davantage les femmes que les hommes -, ceux qui seront autonomes jusqu'à la fin, et celles et ceux qui auront besoin d'une aide médicalisée, les seniors ne connaissent pas les mêmes besoins selon leur profil.

Une constante tout de même s'impose, selon Hervé Sauzay, directeur de l'Institut français des seniors :

« Les Français disent "je veux vivre chez moi", et ils ne vont en maison de retraite que contraints et forcés. »

Le délégué général du Réseau francophone des villes amies des aînés, Pierre-Olivier Lefebvre, renchérit :

« Vieillir n'est pas nécessairement synonyme de perte d'autonomie. Quand on vieillit, on a certes des particularités, mais on reste un citoyen à part entière. »

Sur l'adaptation de l'existant, du promoteur au constructeur en passant par la famille, chacun y va de son astuce : scotch sous le tapis de la salle de bains pour éviter les chutes, barre de maintien dans les couloirs, remplacement de la baignoire par une cabine de douche, détecteur de mouvement pour les besoins nocturnes... Déjà quelque 150.000 entreprises représentant 2 millions d'emplois travaillent dans la silver économie, selon les chiffres d'Hervé Sauzay, notamment grâce aux aides apportées par l'Agence nationale de l'habitat (Anah) aux propriétaires.

Si les bailleurs sociaux s'imposent à leur tour des règles de sécurité dès la conception du bien, des nouvelles formes d'habitat voient le jour entre le logement à domicile et la maison de retraite : les maisons de service non médicalisées et/ou inter-générationnelles. Le principe : jeunes et seniors vivent dans un même immeuble, avec des zones communes de rencontres.

Accessibilité et proximité

Sachant que ce sont les communes qui délivrent les permis de construire, elles peuvent également prendre des initiatives, comme la ville de Dijon qui a accepté l'installation des Vill'âges bleus de la Mutualité française. Il s'agit d'habitats individuels avec un accord social : s'il faut un coup de main pour faire les courses ou contacter les proches, la mutuelle s'en charge.

Autre exemple : des collectivités prennent le temps d'interroger les personnes âgées avant toute politique publique. Selon l'étude du Réseau francophone des villes amies des aînées, la première demande qui remonte est l'accessibilité des transports en commun ou le service médical de proximité, avant même la proximité géographique de la famille qui arrive en dixième position ! Son représentant Pierre-Olivier Lefebvre appelle ainsi les décideurs publics à interroger « le libre arbitre des 60, 70 et 80 ans », car « leur réponse n'est pas forcément celle des professionnels ! » De là à ce que la ville de demain, voire l'établissement du programme local de l'habitat (PLH), systématise la démarche, il y a un pas de géant à réaliser.