Agriculteur, restaurateur, artiste, chauffeur VTC... les indépendants regroupent une multitude de métiers en France. Dans une étude dévoilée récemment, l'Insee dresse une radiographie préoccupante des revenus d'une partie de ces travailleurs. Sur les 3 millions d'indépendants recensés en France, un peu plus de 10% gagnent moins de la moitié du salaire minimum et 18% vit sous le seuil de pauvreté fixé à 1.063 euros en France. Cela représente 540.000 personnes. A titre de comparaison, le taux de pauvreté est d'environ 14,6% en France sur l'ensemble de la population.
Si de nombreuses aides ont été déployées depuis le début de la pandémie pour éviter l'effondrement brutal de la plupart des secteurs, de nombreux travailleurs ont pu passer à côté des filets de sécurité mis en oeuvre. Surtout, beaucoup de personnes ayant perdu brusquement leur contrat de travail au printemps 2020 ont eu recours au statut de micro-entrepreneur dans des secteurs parfois précaires (livraisons, manutention, logistique...) pour tenter de joindre les deux bouts. L'interminable crise sanitaire pourrait encore fragiliser ces métiers en première ligne depuis le début de la pandémie.
Agriculteurs, artistes, journalistes en première ligne
Sans surprise, les métiers d'agriculteur, d'artiste ou des professionnels de l'information (journaliste) font partie des métiers les plus exposés à la pauvreté. "Les indépendants exerçant une profession de l'information, des arts et des spectacles ne représentent que 3 % de l'ensemble des indépendants, mais ils comptent à la fois la plus forte proportion de personnes gagnant très peu" , indiquent les statisticiens. Près de la moitié d'entre eux ont un revenu inférieur annuel au SMIC. Dans l'agriculture, la situation est également très alarmante.
Près de 4 agriculteurs sur 10 disent gagner très peu et un quart vit sous le seuil de pauvreté pour un nombre d'heures de travail souvent considérable. Enfin, les jeunes, les femmes et les plus de 65 ans doivent faire face à des situations de vulnérabilité plus importantes que le reste des indépendants. Pour les femmes, la question du statut explique une bonne partie de l'écart de revenu dans certains secteurs. "Parmi elles, 12 % exercent sous le statut d'aide familial d'exploitant agricole ou de conjoint collaborateur d'artisan, de commerçant ou de professionnel libéral, soit six fois plus que les hommes (2 %)", ajoute l'Insee. A l'opposé, les professions intermédiaires, les professions libérales ou encore les chefs d'entreprise de plus de 10 salariés tirent leur épingle du jeu.
Le rôle prépondérant des stabilisateurs automatiques
Face à ce risque de paupérisation, les stabilisateurs automatiques de la protection sociale jouent un rôle prépondérant dans le revenu des indépendants. Ainsi, plus de la moitié d'entre eux perçoit l'une des cinq principales prestations sociales. Il s'agit du revenu de solidarité active, de la prime d'activité, de l'allocation adulte handicapé, des allocations logement ou encore des prestations familiales.
Ces prestations peuvent représenter jusqu'à 27% du revenu des ménages ayant de faibles revenus d'activité. Alors que la flambée des prix de l'énergie et l'explosion du coût des matières premières pèsent lourd sur le budget des indépendants, la déferlante du variant Omicron dans les chaînes de contamination pourraient bien plonger de nombreux indépendants dans une nouvelle torpeur.