Référendum en Nouvelle-Calédonie : chute de la participation

Par latribune.fr  |   |  740  mots
Dans la ville de Nouméa, où 59,4% des inscrits avaient voté à 16H00, contre 76,4% en 2020, tous les bureaux ont vu leur participation reculer. Mais celle-ci s'effondre carrément dans certains bureaux comme celui situé dans le quartier populaire de Kaméré qui est passé d'une participation de 66,8% à 16h00 en 2020 à 21,9% dimanche à la même heure. (Crédits : Reuters)
La participation au troisième référendum d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie était en fort recul par rapport aux deux précédentes consultations, en raison notamment de l'appel au boycott des indépendantistes jugeant que les conditions pour mener une campagne "équitable" n'avaient pas réunies.

La participation au troisième et dernier référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie s'établissait à 41,60% à 17H00 dimanche (07H00 à Paris) selon le Haut-commissariat, en très forte baisse par rapport aux deux précédents, conséquence de l'appel à bouder le scrutin des indépendantistes.

Lors des précédents référendums, remportés par le camp du "non" à  l'indépendance, la participation à 17H00 s'établissait à 73,68% pour la première consultation en 2018, et à 79,63% en 2020.

Les conséquences de l'épidémie de Covid

Les indépendantistes avaient annoncé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l'impossibilité d'organiser "une campagne équitable" alors que l'archipel est touché depuis septembre par l'épidémie de Covid et que la population kanak est plongée dans le deuil.

Dans la commune indépendantiste de Thio, "le mot d'ordre a été suivi. Il y a quand même eu des votants, mais à 14H00, on (était) à 20% de participation, alors qu'on avait dépassé les 50% à cette heure lors des derniers référendums", constate le maire Jean-Patrick Toura auprès de l'AFP.

Et les deux bureaux situés dans les tribus kanak n'avaient enregistré que deux et quatre votants, selon le responsable des bureaux de vote de la mairie, qui pense que "le dépouillement ira vite".

Dans la ville de Nouméa, où 59,4% des inscrits avaient voté à 16H00, contre 76,4% en 2020, tous les bureaux ont vu leur participation reculer. Mais celle-ci s'effondre carrément dans certains bureaux comme celui situé dans le quartier populaire de Kaméré qui est passé d'une participation de 66,8% à 16h00 en 2020 à 21,9% dimanche à la même heure.

"Ce référendum n'a pas trop de sens car la moitié de la population a décidé de ne pas voter. Je suis venue par civisme, ce qui m'intéresse c'est la société qu'on va construire après", confie Cathy, libraire à Nouméa.

Après 45 minutes d'attente sous une chaleur écrasante, elle a pu glisser son bulletin dans l'urne, au bureau Candide-Koch du quartier mixte de la Vallée des Colons.

Moyens exceptionnels pour prévenir tout dérapage

Les autorités avaient prévu des moyens exceptionnels pour prévenir tout dérapage durant cette journée: 2.000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés et des moyens aériens étaient déployés "pour bleuir le territoire" selon les termes du haut-commissaire de la République. Le Haut-commissariat a indiqué en fin de matinée que "les opérations électorales se déroulaient sans incidents".

"Pour nous, c'est un jour normal. On ne comprend pas ce déploiement de forces de police et de militaires alors qu'il ne se passe rien(...) on dirait qu'il y a la guerre", déclarent à l'AFP des jeunes à Montravel, cité populaire kanak au nord de Nouméa, assis sous un flamboyant en fleurs, et qui se disent plus préoccupés par l'alerte pré-cyclonique déclarée dimanche matin que par le scrutin.

"On dirait Montravel au moment des évènements" des années 1980, dit Irène, responsable d'association, qui vient d'aller mettre son bulletin de vote dans l'urne.

Ce référendum s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de violences entre les Kanak, peuple premier, et les Caldoches, d'origine européenne. Ces affrontements avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 (25 morts).

Quel que soit le résultat du référendum, "le jour d'après il y aura une vie ensemble" avec la France, notamment "compte tenu de la réalité géopolitique de la région", a assuré jeudi le président Emmanuel Macron.

Un "référendum de projet" d'ici juin 2023

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'Etat qu'après le 12 décembre s'ouvrirait "une période de stabilité et de convergence" avant un "référendum de projet" d'ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d'un nouvel Etat et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.

Le dialogue ne sera cependant pas si facile, le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi qu'ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l'élection présidentielle française en avril 2022. La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l'Onu.

(avec AFP)