Référendum en Nouvelle-Calédonie : le "non" à l'indépendance l'emporte largement

Par latribune.fr  |   |  664  mots
Les indépendantistes avaient annoncé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l'impossibilité d'organiser "une campagne équitable" alors que l'archipel est touché depuis septembre par l'épidémie de Covid et que la population kanak est plongée dans le deuil. Ils ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat du scrutin et qu'ils le contesteraient devant les instances internationales. (Crédits : Reuters)
Avec 96,49%, le non à l'indépendance l'emporte de manière écrasante dimanche lors du troisième référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie, marqué par une abstention record après l'appel des indépendantistes à bouder le scrutin.

Article mis à jour à 14h15

Le camp du non à l'indépendance a remporté une victoire écrasante dimanche lors du référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie avec 96,49% des voix, contre seulement 3,51% pour les partisans du oui, selon les résultats définitifs communiqués par le Haut-Commissariat.

Les indépendantistes ayant décidé ne pas se rendre aux urnes, le taux de participation s'est effondré à 43,90%. Les loyalistes, qui craignaient une démobilisation de leurs partisans, faute d'enjeux, ont réussi à réunir 75.762 voix, contre 81.501 voix lors du référendum de 2020.

 Ayant pris connaissance des résultats, Emmanuel Macron a déclaré dimanche que la Nouvelle-Calédonie resterait française à l'issue d'un troisième référendum d'autodétermination, où le "non" à l'indépendance l'a largement remporté mais avec une abstention élevée, et qu'une période de transition allait s'ouvrir pour définir un nouveau statut pour ce territoire du Pacifique.

"Profondément divisés"

"Je prends donc acte solennellement du résultat de ces trois scrutins, qui confirment la volonté exprimée par la majorité des Calédoniens de rester dans la république et dans la nation françaises", a dit le chef de l'Etat dans une allocution télévisée, tout en reconnaissant que les habitants de Nouvelle-Calédonie restaient "profondément divisés" sur la question de l'indépendance

Les indépendantistes avaient annoncé qu'ils ne se rendraient pas aux urnes, invoquant l'impossibilité d'organiser "une campagne équitable" alors que l'archipel est touché depuis septembre par l'épidémie de Covid et que la population kanak est plongée dans le deuil.

Le mot d'ordre de non-participation du FLNKS et de tous les nationalistes semble avoir été suivi à la lettre. La participation à 17h00 s'établissait à 41,60%, en chute libre par rapport aux précédents référendums. Dans ce contexte, la victoire des loyalistes était attendue et tous les états-majors sont déjà en train de réfléchir à leurs propositions pour la suite.

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l'Etat qu'après le 12 décembre s'ouvrirait "une période de stabilité et de convergence" avant un "référendum de projet" d'ici juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d'un nouvel Etat et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.

Le dialogue ne sera cependant pas si facile. Le FLNKS et les nationalistes ont déjà prévenu jeudi qu'ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l'élection présidentielle française en avril 2022.

"Une partie des formations politiques indépendantistes ne souhaite pas négocier avant la présidentielle: nous en prenons acte. L'Etat n'entend pas non plus confondre vitesse et précipitation dans cette phase importante. La déclaration de Paris du 1er juin dernier venant sécuriser la fin de l'accord de Nouméa permet d'envisager cette période de transition jusqu'en juin 2023", a-t-on indiqué dans l'entourage du ministre.

Quel que soit le résultat du référendum, "le jour d'après, il y aura une vie ensemble" avec la France, notamment "compte tenu de la réalité géopolitique de la région", avait assuré jeudi le président Emmanuel Macron.

Un territoire non-autonome à décoloniser, selon l'ONU

Les indépendantistes  ont d'ores et déjà fait savoir qu'ils ne reconnaîtraient pas le résultat du scrutin et qu'ils le contesteraient devant les instances internationales. La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l'ONU, qui a d'ailleurs dépêché des experts pour veiller à la bonne tenue du scrutin.

Ce référendum s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 après plusieurs années de violences entre les Kanak, peuple premier, et les Caldoches, d'origine européenne. Ces affrontements avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 (25 morts).

(avec l'AFP)