Santé : les Français inquiets pour l'avenir de l'hôpital public et l'accès aux soins

Par latribune.fr  |   |  678  mots
L’Observatoire de l’égalité d’accès aux soins note que 69% des Français interrogés ont déjà eu des difficultés à trouver un professionnel de santé dans un délai acceptable près de chez eux.
Réforme des urgences, de l'hospitalisation, lieu d'exercice imposé pour les médecins... Pour la deuxième année consécutive, la Fédération hospitalière de France (FHF) publie ce mercredi les données de son Observatoire de l'égalité d'accès aux soins.

Alors que le projet de loi santé de Marisol Touraine "de modernisation de notre système de santé" a été adopté en première lecture à l'Assemblée Nationale en avril dernier, les Français s'inquiètent de la situation des hôpitaux publics, et de l'avenir du système de soins.

L'étude de la Fédération hospitalière de France révèle que 84% des Français interrogés ont une bonne image de l'hôpital public français. Et ne tarissent pas d'éloges à son égard : 77% considèrent que le système de santé français est le meilleur au monde, dispensant à la fois des soins de qualité et un système égalitaire. Seulement 10% des sondés seraient prêts à se faire soigner à l'étranger. Ils sont pourtant inquiets de son avenir : 65% des sondés considèrent qu'il n'y a pas assez d'hôpitaux en France, 71% des habitants en zone rurale.

Les hôpitaux publics en danger

Le manque de personnel pour 70% d'entre eux, l'impératif de rentabilité économique (58%), ou encore la fermeture des services (31%) sont les principales raisons citées. "89% estiment que l'hôpital public est en danger", alerte ainsi cette étude. Pour un Français sur deux, il n'est plus possible de faire davantage d'économies sans avoir un impact négatif sur la qualité des soins. L'étude révèle trois pistes pour sauver notre système de santé.

Les pistes de réflexion pour réformer l'hôpital public

  • La fin des urgences surpeuplées : 79% des Français jugent souhaitable et indispensable d'inciter les patients à consulter d'abord un médecin généraliste avant d'aller aux urgences, en cas de léger problème de santé. Ils sont même 80% à être favorables à la mise en place d'une "politique sanction" avec l'instauration d'un paiement minimum pour une visite aux urgences si le problème peut être traité par un médecin généraliste.
  • La réforme de l'hospitalisation : 84% se disent favorables à l'hospitalisation à domicile "chaque fois que cela est possible", et 75% ouverts à la mise en place d'une chirurgie ambulatoire, permettant aux patients de sortir le jour même.
  • La lutte contre les déserts médicaux  : 71% des sondés se disent favorables à imposer un lieu d'exercice aux médecins pour assurer une meilleure répartition sur le territoire.  Dans cette étude, 69% des sondés avouent avoir déjà eu des difficultés à obtenir un rendez-vous avec un professionnel de santé dans un délai raisonnable près de chez eux. Et un Français sur cinq avoue avoir déjà renoncé aux soins en raison de l'éloignement.

Le coût, un frein pour se soigner

L'étude observe également que 51% des Français pensent que la mise en place de réformes permettront de faire des économies. S'ils veulent une refonte du fonctionnement, les Français n'envisagent pas qu'on s'attaque au sacro-saint modèle social français. Six Français sur dix s'opposent à l'idée de "diminuer les remboursements de la Sécurité sociale et d'augmenter la part prise en charge par les mutuelles", note l'étude. Ils sont d'ailleurs 48% à être impactés par le coût des dépenses de santé, et à avoir déjà renoncé à se soigner pour cette raison.

Des Français favorables à la santé connectée

Si les Français sont encore frileux sur l'échange de données, l'étude note qu'ils seraient prêts à partager  les données de leur dossier médical avec l'équipe soignante. 86% des interrogés assurent qu'ils le feraient. Une manière de désengorger les salles d'attente, et de rendre le suivi des traitements plus efficace. Mais le tout connecté a des limites. Ils ne sont plus que 55% à accepter d'utiliser un objet connecté à son téléphone qui permette au médecin de nous surveiller... et de nous envoyer des SMS.

L'enquête a été réalisée sur internet du 10 au 16 avril 2015 auprès d'un échantillon de 1.001 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas