Tollé autour de l'embauche à la FDJ de l'épouse du patron des députés LREM

Par AFP  |   |  923  mots
Gille Le Gendre, le 18 septembre 2018, jour de sa nomination comme président du groupe LREM à l'Assemblée nationale. (Crédits : Reuters)
Gilles Le Gendre, le président des députés LREM à l'Assemblée nationale, a choisi de ne pas se déporter et a voté pour l'adoption définitive jeudi de la loi Pacte. Le texte prévoit notamment le transfert au privé de la majorité du capital de la FDJ.

Des élus se sont interrogés sur la nomination de Raphaële Rabatel, épouse du chef de file des députés LREM Gilles Le Gendre, comme directrice de la communication de La Française des jeux, juste avant l'adoption définitive jeudi de la loi Pacte qui prévoit sa privatisation.

"Si cette information est exacte, c'est profondément choquant. Surtout venant d'une majorité donneuse de leçons comme jamais !", a tweeté le député LR Daniel Fasquelle.

Dès mercredi, la sénatrice PS Marie-Pierre de la Gontrie avait tweeté :

"L'épouse du président du groupe LREM à l'Assemblée Nationale, nommée directrice de la communication de la Française des jeux en voie de privatisation .... #benvoyons"

Plusieurs élus RN, dont Louis Aliot ou Sébastien Chenu, ont aussi relayé l'information sur le réseau social, tandis que Nicolas-Dupont-Aignan (DLF) a critiqué un "curieux mélange des genres..."

"Choisie pour ses compétences"

L'entourage de Gilles Le Gendre réagi auprès de l'AFP, expliquant que Raphaële Rabatel "a exercé des fonctions similaires" dans d'autres sociétés et "a été choisie pour ses compétences".

"Une femme doit pouvoir poursuivre sa carrière professionnelle indépendamment de l'activité politique de son conjoint", a-t-on souligné de même source.

Aurore Bergé, porte-parole LREM s'est même indignée au nom du féminisme sur Twitter, répliquant ainsi à la socialiste Marie-Pierre de la Gontrie :

"Une femme compétente, qui a exercé des postes similaires dans les plus grands groupes, devrait donc refuser ce poste parce qu'elle est mariée à un député président de groupe ?!"

Bonne connaisseuse des dossiers de privatisation, fusion...

Raphaële Rabatel, 56 ans, "prendra ses fonctions à compter du mois de mai, en tant que directrice de la communication et du développement durable, membre du Comité de direction générale du groupe FDJ", précise un communiqué du groupe publié mardi, qui rappelle ses diverses expériences dans la communication institutionnelle et financière (Paribas, Caisses d'Epargne, JC Decaux...)

Chez Gaz de France, également comme directrice de la communication, "elle a préparé et accompagné l'ouverture de capital en 2005, puis la privatisation et la fusion avec Suez (GDF Suez, aujourd'hui Engie), en 2007", ajoute la FDJ.

Gilles Le Gendre a voté pour le texte et ne s'est pas déporté

Le projet de loi Pacte de Bruno Le Maire, adopté définitivement jeudi par un ultime vote de l'Assemblée, prévoit le transfert au privé de la majorité du capital de la FDJ. Le capital est actuellement détenu à 72% par l'État, celui-ci devant conserver "au minimum" 20% des parts. Ce projet est contesté notamment par la gauche, tout comme celui de la privatisation d'Aéroports de Paris (ADP). M. Le Gendre a voté pour le texte et ne s'est donc pas déporté.

Depuis novembre 2018, Raphaële Rabatel était conseillère spéciale chargée de la communication du secrétariat d'Etat chargé des Personnes handicapées.

M. Le Gendre, député de Paris depuis juin 2017, est à la tête des députés LREM depuis septembre dernier.

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ANNEXE

Les 3 critères qui définissent la situation de conflit d'intérêts

(Définition de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique)

L'article 2 de la loi du 11 octobre 2013 relative à la transparence de la vie publique définit pour la première fois la notion de « conflit d'intérêts » comme « toute situation d'interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou paraître influencer l'exercice indépendant, impartial et objectif d'une fonction ».

Cette définition met en évidence 3 critères d'un conflit d'intérêts :

  • Le responsable public doit détenir un intérêt.

Cet intérêt peut être direct (une autre activité professionnelle) ou indirect (l'activité professionnelle du conjoint), privé (la détention d'actions d'une entreprise) ou public (un autre mandat électif), matériel (une rémunération) ou moral (une activité bénévole ou une fonction honorifique).

  • Cet intérêt doit interférer avec l'exercice d'une fonction publique.

L'interférence peut être matérielle (une activité professionnelle spécialisée dans un certain secteur), géographique ( les intérêts détenus dans une commune) ou temporelle ( des intérêts passés).

  • Cette interférence doit « influencer ou paraître influencer l'exercice indépendant, impartial et objectif d'une fonction ».

Ce critère implique d'examiner l'intensité de l'interférence au cas par cas : il y a un conflit d'intérêts quand l'interférence est suffisamment forte pour soulever des doutes raisonnables quant à la capacité du responsable public pour exercer ses fonctions en toute objectivité."