A Taormina, le G7 échoue à convaincre Donald Trump sur le climat

Par latribune.fr  |   |  718  mots
Donald Trump n'agira sur le climat qu'à conditions que cela ne se fasse pas au détriment des Etats-Unis.
Le président américain s'est montré intransigeant face à ses partenaires sur les suites à donner sur l'accord de Paris sur le climat. Son entourage a indiqué que sa décision serait prise en fonction des seuls intérêts des Etats-Unis. Le G7 a néanmoins trouvé un terrain d'entente autour du terrorisme. Donald Trump a également évoqué le cas de la Corée du Nord assurant que ce "problème" serait "résolu".

Les dirigeants du G7 ont reconnu samedi à Taormina, en Sicile, leur incapacité à convaincre sur le climat un président américain résolu jusqu'au bout à jouer sa propre partition.

En dépit des pressions répétées des Européens (Allemagne, France, Italie, Grande-Bretagne et Union européenne), du Canada et du Japon, Donald Trump n'a pas cédé.

La déclaration finale de ce sommet, débuté vendredi dans la prestigieuse station balnéaire sicilienne va donc constater sa désunion sur la question du réchauffement climatique, une première après des dizaines de communiqués du G7 affirmant la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

La position américaine toujours pas arrêtée

Les Etats-unis vont confirmer dans ce texte qu'ils sont toujours en train de réfléchir à leur position sur le climat, pendant que les six autres pays du G7 vont réaffirmer leur engagement en faveur des accords de Paris, en prenant acte de la position américaine, a-t-on ainsi indiqué de sources européennes.

Angela Merkel, elle, a directement accusé le président américain

"Toute la discussion sur le sujet du climat a été très difficile, pour ne pas dire pas du tout satisfaisante", a déclaré Mme Merkel devant la presse. "Nous avons ici une situation à six contre un, ce qui signifie qu'il n'y a encore aucun signe quant à savoir si les Etats-Unis resteront ou non dans l'accord de Paris" sur le climat, a-t-elle ajouté.

"C'est un résultat moindre que lors des précédents sommets, mais on s'attendait tous à cela", a minimisé un responsable d'une délégation européenne.

Pour d'autres, l'important est finalement que les Etats-Unis soient encore dans le jeu. La présidence française se refuse ainsi à parler d'"échec", même si elle reconnaît que "ce n'est pas une formulation idéale".

"Un point nous préoccupe beaucoup, c'est le maintien des Etats-Unis dans l'accord, on ne souhaite pas que les Etats-Unis sortent", faisait-on valoir à Paris, avant le début du G7.

Isolé sur le climat

"Le résultat du sommet du G7 montre combien Trump est isolé sur le climat", a jugé de son côté Greenpeace dans un communiqué, mettant en avant l'engagement des six autres pays.

Le point de vue du président américain "évolue, il est venu ici pour apprendre", avait assuré vendredi son conseiller économique Gary Cohn. Mais très vite, les pendules ont été remises à l'heure. "Il y une chose qui ne changera pas, il prendra ses décisions en fonction de ce qu'il pense être le mieux pour les Américains", avait averti de son côté le général H.R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale.

Sur l'autre sujet épineux à l'agenda, le commerce international, les dirigeants du G7 sont parvenus à maintenir les Etats-Unis de Donald Trump, tentés par une forme d'isolationnisme, dans un cadre multilatéral, a-t-on affirmé de source proche de la délégation italienne, hôte de ce G7.

Protectionnisme, terrorisme, Corée du Nord, Afrique...

Selon cette source, les chefs d'Etat et de gouvernement du G7 devraient même s'engager à ne pas recourir au protectionnisme comme forme de régulation des échanges.

La journée avait débuté par une rencontre avec les dirigeants de cinq pays africains: Niger, Nigeria, Ethiopie, Kenya et Tunisie.

L'Italie, qui préside actuellement le G7, a fait de l'Afrique une de ses priorités et elle comptait faire adopter une déclaration ambitieuse sur la "mobilité humaine", autrement dit sur le sujet sensible des migrations.

Mais elle a dû revoir ses ambitions à la baisse, sous pression des Etats-Unis, pour limiter cette question à quelques lignes dans la déclaration finale, a-t-on reconnu de sources diplomatiques italiennes.

Vendredi, les dirigeants du G7 avaient trouvé quelques terrains d'entente, à commencer par la lutte contre le terrorisme après l'attentat meurtrier de Manchester.

Les dirigeants du G7, à la demande du Japon, devraient aussi s'entendre sur une position de fermeté à l'encontre de la Corée du Nord, après une série de lancements de missiles balistiques par le régime de Pyongyang.

Sur ce point, Donald Trump a assuré le Premier ministre japonais Shinzo Abe que le "problème nord-coréen" serait "résolu".