Au Congrès américain, Macron veut "réinventer le monde libre" avec Trump

Par latribune.fr  |   |  834  mots
Emmanuel Macron a été ovationné par les sénateurs et représentants du Congrès américain. (Crédits : Reuters)
Devant le Congrès américain mercredi, Emmanuel Macron a présenté sa vision du monde, en prônant "un multilatéralisme fort" qui ne peux exister sans l'implication des Etats-Unis, tout en fustigeant la politique protectionniste menée par Donald Trump. Autre combat, celui de la protection de l'environnement : il a répété devant un Congrès majoritairement contrôlé par les républicains que, sur le climat, il n'y avait "pas de planète B". Pas de plan B non plus sur l'Iran, d'ailleurs.

Emmanuel Macron a sorti les griffes. Au dernier jour de sa visite d'État à Washington, le président français a présenté, dans un anglais "fluent", sa vision du monde devant le Congrès américain. Dans un discours solennel, très politique, il a appelé les sénateurs et les représentants américains à préserver le multilatéralisme à l'heure où Donald Trump pourrait prendre des décisions unilatérales sur l'Iran et le commerce, au grand dam de ses partenaires internationaux.

En outre, son plaidoyer en faveur de la protection de l'environnement - thème qui n'a pas été abordé lors du tête-à-tête entre les deux chefs d'État mardi-, a provoqué une certaine émulation côté démocrates.

Plus tard dans la journée, il s'est également exprimé, en bras de chemise, devant les étudiants de l'Université George Washington - une université très internationale où la communauté française est particulièrement représentée. "Je suis là pour vous, soyez directs", a-t-il balancé sur l'estrade.

Devant le Congrès, un discours sous le signe de l'amitié franco-américaine

Après avoir été présenté par Paul Ryan, speaker à la Chambre des représentants, le chef de l'État français a commencé son discours sur l'histoire et les valeurs qui unissent les deux alliés, n'hésitant pas à convoquer des figures françaises comme Voltaire ou Lafayette, "qui se disait fils des États-Unis". Et comme ces prédécesseurs, il a longuement insisté sur les liens tissés entre les deux pays pendant les deux derniers conflits mondiaux.

"Nous avons combattu côte à côte dans de nombreuses batailles. Depuis le début des États-Unis, nous avons partagé une vision commune de l'humanité. Nos deux pays sont fondés sur les mêmes idéaux, nous avons travaillé ensemble pour ces idéaux universels : liberté, tolérance, égalité des droits. Et pourtant nous parlons également aussi de liens humains personnels qui nous prennent aux tripes."

Un multilatéralisme à réinventer

Mais très vite, Emmanuel Macron a exposé ses divergences avec Donald Trump : il défend le libre-échange face à la politique protectionniste de son homologue américain, prône un "multilatéralisme fort", en insistant qu'il ne peut exister sans l'implication des États-Unis, et met en garde contre les risques que l'isolationnisme et le nationalisme font courir à l'ordre mondial.

" On peut opter pour l'isolationnisme, le retrait et le nationalisme, cela peut être tentant (...) mais fermer la porte au monde n'empêchera pas le monde d'évoluer (...) Votre rôle a été décisif pour la création et la sauvegarde du monde libre, vous êtes ceux qui doivent maintenant aider à le préserver et à le réinventer", a-t-il ajouté.

Il n'y a "pas de planète B"

Et si ce que l'on retenait de la prestation d'Emmanuel Macron, 58 ans après celle du général De Gaulle, était son plaidoyer pour le climat ? Le président français a appelé les sénateurs et les représentants américains - et, en sus, Donald Trump, qui s'est retiré de l'accord de Paris sur le climat, une promesse de campagne - à relever le défi du changement climatique, car "il n'y a pas de planète B".

"Quel est honnêtement le sens de notre vie si nous vivons en détruisant la planète et que nous sacrifions l'avenir de nos enfants ? Que nos décisions sont de réduire les chances de nos enfants et petits-enfants ? En polluant les océans, en réduisant la biodiversité, nous tuons notre planète. Reconnaissons-le, il n'y a pas de planète B."

Le contraste entre les applaudissements nourris côté démocrates et le silence des élus républicains montre à quel point cette question reste clivante au sein de la société américaine. Le président américain a toujours nié l'existence du réchauffement climatique. D'ailleurs, il n'a pas souhaité aborder ce thème lors du "tête-à-tête" mardi avec son homologue français.

Pour autant, devant un Congrès contrôlé majoritairement par les républicains, Emmanuel Macron s'est dit convaincu que les États-Unis finiraient par rejoindre ce cadre âprement négocié.

Un "objectif clair" sur l'Iran

Il n'y a pas non plus de plan B sur l'Iran. Sur ce sujet, les deux dirigeants se sont engagés mardi à travailler ensemble à un nouvel accord sur le nucléaire iranien. Pour Emmanuel Macron, l'objectif est clair :  "L'Iran n'aura jamais d'armes nucléaires. Ni maintenant, ni dans cinq ans, ni dans dix ans, jamais."

"Il y a un cadre existant pour contrôler l'activité nucléaire de l'Iran, nous l'avons signé à l'initiative des Etats-Unis, la France comme les Etats-Unis l'ont signé, c'est pour cela que nous ne pouvons pas pas nous en débarrasser comme ça. Cet accord ne répond peut-être pas à toutes les préoccupations (...) mais nous ne devons pas l'abandonner sans avoir une alternative" substantielle.

(Avec Reuters)